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L’IA : Plus que belle !

Notre rapport à la beauté est un sujet vieux comme le monde. Qui voit ? Qui décide de ce qui est beau ou pas ? Comme les critères évoluent-ils au fil des époques ? Et le recours à l’intelligence artificielle dans la photographie, notamment publicitaire, réactive ces questions-là.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

21 nov.

two hands touching each other in front of a pink background
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L’IA : Plus que belle !

Notre rapport à la beauté est un sujet vieux comme le monde. Qui voit ? Qui décide de ce qui est beau ou pas ? Comme les critères évoluent-ils au fil des époques ? Et le recours à l’intelligence artificielle dans la photographie, notamment publicitaire, réactive ces questions-là.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

21 nov.

À première vue, Aitana Lopez est une influenceuse comme il y en a des milliers sur la toile. Sur son compte @fit_aitana, suivi par plus de 330 000 personnes, la belle blonde aux cheveux teints en rose poste des photos de ses nouvelles tenues, “Currently in love with my cheetah print”, de ses séances de fitness, du dernier café à la mode barcelonais (la belle est espagnole) et, bien sûr de ses vacances. Comme nombre de ses consœurs, elle s’adonne au placement de produit et à la collaboration commerciale avec des marques telles que Nike. Sauf que vous ne croiserez jamais Aitana Lopez en train de faire son running le long de la plage de Barcelone, pas plus que dans une boîte de nuit, car Aitana n’existe pas. Elle est générée par l’IA. Elle est l’une des mannequins artificiels de l’agence The Clueless, fondée par Ruben Cruz.

Dans le même ordre d’idée, Deanna Ritter (55 000 followers) a participé le 10 mai dernier au premier concours de beauté “Miss IA” en compagnie de tout un tas de compétitrices toutes aussi fausses qu’elle.

Ces anecdotes ont beau être « amusantes », elles ne parviennent toutefois pas à masquer les problèmes éthiques que posent ces nouvelles « influenceuses » puisqu’en effet, le passage par l’IA ne fait qu’accentuer des stéréotypes et des critères de beautés non seulement étouffants et irréalistes mais aussi racistes, grossophobes et validistes. Les compétitrices de Deanna Ritter étant, comme de juste, de grandes blondes, à tailles fines et jambes interminables.

Notre rapport à la beauté est un sujet vieux comme le monde. Qui voit ? Qui décide de ce qui est beau ou pas ? Comme les critères évoluent-ils au fil des époques ? Et le recours à l’intelligence artificielle dans la photographie, notamment publicitaire, réactive ces questions-là.

Car l’Intelligence artificielle ne génère que ce que l’on veut bien lui faire générer et ne fait donc que reproduire des pesanteurs déjà présentes, et depuis bien longtemps, dans notre rapport à la beauté et à ce qu’elle peut bien signifier. Dans les images produites par l’IA, comme dans nos vies, comme dans les films et les séries, comme dans notre éducation, la femme belle est une femme blanche, souvent blonde, toujours mince.

Les risques, avec l’intelligence artificielle, c’est que les algorithmes arrivent à lisser tous les autres biais, puisqu’ils s’inspirent d’œuvres et de références culturelles, elles-mêmes marquées par des siècles de patriarcat. Et c’est un cercle vicieux, puisque plus l’IA génèrera de grandes blondes, plus les biais se rétréciront sur ces seuls canons de beauté.

Loin d’être une évolution technologique majeure, l’IA représente pour les femmes un gigantesque retour en arrière, à des canons de beauté irréalistes et rétrogrades, absolument pas en phase avec la vie telle qu’elle se déroule. Il devient urgent de contrer ces biais sexistes, en injectant dans l’IA d’autres critères, d’autres modèles.

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