La vidéo date de 2021, mais elle est ressortie cet été à la faveur de la campagne électorale américaine, on y voit JD Vance, le colistier de Donald Trump fustiger “a bunch of childless cat ladies who are miserable at their own lives”, littéralement “des femmes à chats sans enfants et malheureuses” avant d’ajouter que ces femmes n’avaient “aucun intérêt pour le pays” puisqu’elles n’avaient pas procréé. Visant directement Kamala Harris, cette sortie a été reprise et tournée en dérision par des millions de femmes américaines sur les réseaux sociaux. C’est d’ailleurs par une photo d’elle avec ses deux chats que Taylor Swift a affiché officiellement son soutien à Kamala Harris sur Instagram. Si les “childless cat ladies” ont retourné le stigmate et répondu à la misogynie de JD Vance de la plus belle des manières, il n’en reste pas moins que la fameuse “femme à chats” à laquelle on associe d’ailleurs souvent les termes “vieille”, “folle” ou “célibataire” est un des plus vieux stéréotypes sexistes qui touchent les femmes célibataires et sans enfants.
La “childless cat lady” que l’on pourrait traduire par “vieille fille à chats” est une femme célibataire, hétérosexuelle, si aigrie dans sa solitude que seul son chat la supporte. Puisqu’elle n’a ni compagnon, ni enfant, c’est tout naturellement que sa vie se déroule sur son canapé, seule devant Netflix. Le chat représentant l’animal domestique par excellence, celui qui, contrairement au chien, vit à l’intérieur de la maison sans jamais en sortir. Le chat est aussi un animal farouchement indépendant, inquiétant. Parfois associé au vice et au mal, soit à une sexualité débridée, soit au contraire à une espèce de virginité étiolée. Ce stéréotype puise naturellement sa source dans la chasse aux sorcières du XVème siècle, avec l’image de la sorcière folle toujours accompagnée de son félin.
Largement repris dans la pop culture et dans les films, le cliché de la vieille fille à chat est l’un des plus sots et des plus injustes qui visent les femmes et témoignent, même encore maintenant, de la pauvreté des destins qui leurs sont proposés. Puisqu’il est inenvisageable qu’une femme n’ait pas pour seul désir que de se marier et de faire des enfants, toute contrevenante est forcément suspecte, et donc folle, ou aigrie, ou frustrée etc.