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Ce que les hommes doivent aux féministes et au féminisme… 

Pourquoi les femmes seraient-elles les seules à porter la lutte pour l’égalité et la fin des rapports de domination ? Pourquoi seraient-elles les seules garantes de l’égalité au sein du couple, au travail, dans la famille ? 

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

06 juin

men holding white, black, and red Men of quality respect womens equality banner on road
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Ce que les hommes doivent aux féministes et au féminisme… 

Pourquoi les femmes seraient-elles les seules à porter la lutte pour l’égalité et la fin des rapports de domination ? Pourquoi seraient-elles les seules garantes de l’égalité au sein du couple, au travail, dans la famille ? 

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

06 juin

Depuis la fameuse “quatrième vague” et avec le mouvement #metoo, et malgré une immense visibilité médiatique et sociale, le féminisme, qui pourtant a considérablement changé la vie de nombreuses générations, continue de se traîner une mauvaise réputation. Les féministes seraient sectaires, hystériques, mal baisées… Leur combat serait excluant, violent, frisant parfois le fascisme. Tout se passe comme si une grenade venait d’être dégoupillée, créant un fossé béant entre les hommes et les femmes, qui se regardent maintenant en chien de faïence en attendant qu’elle explose. 

De tous les combats qu’il reste à mener, celui de la pédagogie, et notamment auprès des hommes, semble dérisoire et une légère perte de temps au regard des urgences sociétales. Mais le malentendu et les mauvaises interprétations auxquelles se heurtent encore trop souvent les luttes féministes sont aussi incompréhensibles que préoccupantes et méritent qu’on s’y intéresse. 

Et qu’on se pose les questions suivantes : pourquoi les femmes seraient-elles les seules à porter la lutte pour l’égalité et la fin des rapports de domination ? Pourquoi seraient-elles les seules garantes de l’égalité au sein du couple, au travail, dans la famille ? 

Pas besoin d’expliquer que le féminisme n’est pas une donnée biologique mais un engagement en actes et en pensées. Toutes les femmes ne sont pas féministes et n’importe quel homme peut être féministe s’il décide de s’engager dans cette démarche citoyenne, intellectuelle, affective et professionnelle. 

Qu’une femme critique le mouvement féministe (et elle en a le droit), qu’elle en détaille les dérives, qu’elle s’en désolidarise, qu’elle le ridiculise, il n’en reste pas moins qu’elle bénéficie de ses effets et de ses luttes, quand bien même elle voudrait le nier. En 2024, toute la société profite des appels d’air obtenus de haute lutte et dans un grand sacrifice par les militantes que ce soit d’un point de vue intime et politique, sur le plan de la sexualité, de l’éducation, de la place dans l’espace public et professionnel.

Mais qu’en est-il des hommes ? Pourquoi une telle difficulté à participer à la lutte féministe et à s’en revendiquer ? En France et aux Etats-Unis, les hommes sont pourtant plus de 40% à se dire féministe, à commencer par Emmanuel Macron et Joe Biden (lol), mais quelle réalité ces chiffres recouvrent-ils ? 

Bien sûr, si vous évoluez dans un milieu de gauche et d’extrême-gauche, il y a fort à parier que vos amis, maris, amants, frères ou collègues seront tout à fait enclin à se dire pro-féministe, certains prononceront même le terme d’“alliés”. Au-delà de la gauche et des mouvements queer, rares sont les hommes prêts à affirmer qu’un monde injuste et violent à l’égard des femmes est une bonne chose. De la même manière, un homme pourra activement réfléchir à sa déconstruction, lire des livres, militer, sans jamais parvenir à renoncer à ses privilèges, tandis qu’un autre incarnera l’égalité dans toutes les dimensions de sa vie personnelle, familiale et professionnelle mais continuera de se montrer très méfiant à l’égard du féminisme auquel il peut même ouvertement refuser d’y être associé.  Comment réussir à se défaire du pouvoir ?

Comment comprendre les intérêts qu’il y aurait sinon à se lancer dans la lutte du moins à la voir non pas comme une menace ou quelque chose qui ne les concernerait pas vraiment mais comme un atout, comme la possibilité de créer pour toutes et tous un futur plus équitable et plus viable.

À l’heure où les théories masculinistes gagnent du terrain et alors que les droits des femmes et des minorités de genre restent encore bien fragiles, ces questions méritent d’être posées.

D’autant que ce qu’elles sous-tendent n’a pas seulement à voir avec l’idée, un peu simpliste, qu’il faudrait inclure plus d’hommes dans le combat féministe mais plutôt de la vision qu’on se fait du féminisme. Le léger glissement du féminisme vers le développement personnel et la prédominance du féminisme néolibéral, ont en effet contribué à renvoyer le féminisme à une histoire de femmes et donc de femmes contre les hommes. Et c’est peut-être là l’une des clés.  

Le retour au politique, à la chose publique, et donc à la chose de toutes et tous, serait l’assurance d’une plus grande efficacité, d’une accélération d’une législation plus équitable pour les femmes et donc aussi pour les hommes, pour l’éducation des petites filles et des petits garçons. 

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