Les COP se suivent et se ressemblent, voire appauvrissent leurs propres engagements. La COP 28 de Dubaï ne fait pas figure d’exception, sauf peut-être, d’assumer une langue de bois décomplexée.
La première COP, datant de 1995, avait pourtant donné quelques espoirs aux environnementalistes et aux climatologues. Le discours poignant de Svern Cullis-Suzuki lors du sommet de Rio de 1992, 15 ans à l’époque, a certainement été l’un des évènements majeurs pour la prise de conscience mondiale de la crise du vivant à venir. Cependant, c’est seulement en 2015 lors de la COP21, soit presque 20 ans plus tard, que l’Accord de Paris a permis d’entrevoir des prémisses d’actions pour la diminution des énergies fossiles ainsi que des objectifs forts sur la diminution de la production des GES dans le monde. L’un des objectifs essentiels de l’Accord de Paris est de: « maintenir l'augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour limiter l'augmentation de la température à 1,5°C. »
Alors, 8 ans plus tard, où en sommes-nous ? Si la crise sanitaire mondiale du Covid 19 a permis de diminuer la consommation des énergies fossiles à cause des divers confinements, le répit fut de courte durée et, l’effet rebond bien plus important que nous aurions pu l’imaginer. En effet, les investissements dans les énergies fossiles sont revenus rapidement à un record total de 1 050 milliards de dollars en 2023, soit presque autant qu'en 2019. Et d’après des calculs du Fonds Monétaire International (FMI), les subventions aux combustibles fossiles ont atteint un niveau record de 7 000 milliards de dollars en 2022, soit 7% du PIB mondial.
La faute à qui ? Outre les gouvernements successifs, les banques françaises ont été entre janvier 2016 et juin 2023 impliquées dans plus de la moitié des emprunts sur les marchés émis par l'industrie fossile dans le monde. L’ONG fondée par Lucie Pinson, lauréate du prix Goldman pour l’environnement en 2020, expliquait déjà dans une enquête baptisée « Fossil finance » que « Les établissements français (...) font partie des plus actifs en Europe » et « sont impliqués dans un peu plus de la moitié des opérations de financement obligataire des géants du pétrole et du gaz ». La BNP, la Société Générale ou encore le Crédit Agricole se partagent joyeusement le podium des investissements écocidaires.
Afin de ne pas voir uniquement le verre à moitié vide, il est bon de noter que la COP 28, nous donne deux votes non négligeables pour le futur. Dès les premiers jours, l’annonce de l'adoption de la mise en œuvre du fonds destiné à financer les « pertes et dommages climatiques des pays vulnérables » donne le ton. Un pas positif afin d’espérer dégripper les tensions financières entre le Nord et le Sud, en parallèle des négociations sur les énergies fossiles. Les premières promesses ont commencé à pleuvoir : 100 millions de dollars pour les Émirats, autant pour l'Allemagne, 10 millions pour le Japon, 17,5 millions pour les États-Unis, jusqu'à 40 millions de livres (environ 50 millions de dollars) pour le Royaume-Uni. Cet accord tant attendu, et retoqué lors des précédentes COP, est en réalité l’arbre qui cache la forêt d’une lutte acharnée pour une conclusion beaucoup moins optimiste de ce grand évènement. N’oublions pas la double casquette du Sultan Al Jaber, qui accueille l’évènement à Dubaï, tout en profitant de la messe mondiale afin de conclure des contrats favorisant les énergies fossiles de son pays. Cela conduit notamment à une conclusion décevante de cette COP 28 où le projet d'accord n'évoque pas la sortie des énergies fossiles, mais « une réduction de la consommation et de la production ». Celui-ci apparaît donc comme un compromis mais surtout un recul immense. Et quand, les organismes internationaux, choisissent l’accueil de la prochaine COP 29 en Azerbaïdjan, cela ne laisse rien augurer de bon, ce pays étant alimenté essentiellement grâce à l’exploitation du gaz dont la majorité de son PIB dépend.