La philosophie nous apprend deux choses : la justice est essentiellement comprise comme un objet renvoyé au domaine du droit, aux règles en vigueur dans une société donnée ou encore au pénal ou la vérité. Cependant, la justice rentre aussi dans une catégorie morale. Qu’est ce qui est juste pour les un·es, injuste pour les autres, qu’il en arrive des révoltes ? C’est pourquoi la justice est aussi un sentiment. On passe facilement de la morale au droit car les règles de justice sont variables. Le philosophe Pascal en donne une vision intéressante qui s’applique assez bien à la justice environnementale ou la justice climatique “ce qui est légitime (c’est-à-dire conforme à un idéal de justice) n’est pas toujours légal” et inversement.
Cela peut expliquer pourquoi beaucoup de personnes engagées dans le combat pour la préservation de la planète et de ses habitant·es, ne font plus vraiment de distinction entre ces justices. On ne peut pas leur en vouloir quand on voit déjà le grand foutoir judiciaire qui nous entoure sur des sujets pourtant régaliens et depuis longtemps inscrits dans le Droit avec un grand D. C’est d’ailleurs à propos de cette justice traditionnelle que la défiance ne cesse d’augmenter ; 1 français·es sur 2 ne lui fait plus confiance. Le corps de la magistrature se méfie du gouvernement qui lui rend bien notamment via les propos de son ministre de la “Justice”.
Alors, dès qu’on emploie le mot de justice dans une optique de “juste” ou morale, sans que cela s’appuie sur du droit, forcément tout se complique. La justice environnementale peut s’appuyer sur le Code l’environnement et un droit de l’environnement national et européen protecteur. Mais ce n’est pas pour autant suffisant si on parle de justice. Il faut prendre en compte la juste répartition des ressources environnementales, le droit égal à vivre dans un environnement sain, le droit égal à ne pas voir son environnement détérioré par l’action anthropique, la juste répartition des charges nécessaires à la protection de l’environnement. Dernièrement, le Parlement Européen a adopté le règlement européen pour restaurer la nature. Le texte définit des objectifs et des obligations qui sont juridiquement contraignants en matière de restauration de la nature dans chacun des écosystèmes énumérés, allant des terres agricoles aux forêts et prairies en passant par les écosystèmes côtiers et marins (notamment les prairies sous-marines et les bancs d'éponges et de corail), d'eau douce (zones humides, rivières, lacs) ou encore urbains. Pour autant, on ne peut pas parler de justice environnementale car cette loi, comme d’autres, dans le droit de l’environnement, ne prend pas en compte les inégalités d’expositions à des écosystèmes dégradés ou des pollutions et ne garantit donc pas un droit équitable ou “juste”.