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Diplomatie féministe : le défi de la cohérence

Selon Oxfam, alors que les dépenses militaires mondiales atteignent un record de 1 500 milliards de dollars, l’Aide Publique au Développement (APD) mondiale a chuté de 7,1 % en 2024. Moins de 0,1 % des fonds parviendraient donc directement aux organisations féministes locales, essentielles sur le terrain.

Illustration de Clothilde Le Coz

Clothilde Le Coz

29 oct.

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Diplomatie féministe : le défi de la cohérence

Selon Oxfam, alors que les dépenses militaires mondiales atteignent un record de 1 500 milliards de dollars, l’Aide Publique au Développement (APD) mondiale a chuté de 7,1 % en 2024. Moins de 0,1 % des fonds parviendraient donc directement aux organisations féministes locales, essentielles sur le terrain.

Illustration de Clothilde Le Coz

Clothilde Le Coz

29 oct.

Les 22 et 23 octobre 2025, Paris a accueilli la 4ème conférence des diplomaties féministes, rassemblant les représentant·es d’une trentaine de pays pour faire le point sur l’état d’avancement de cette approche diplomatique. Cet événement est l'un des rares forums internationaux, avec le cadre de l’Organisation des Nations unies (ONU), permettant aux États de construire progressivement une diplomatie attentive aux femmes.

Cette approche diplomatique, jugée « novatrice » et « révolutionnaire » par celles et ceux qui la soutiennent, consiste à intégrer une perspective de genre dans des domaines où les droits des femmes sont souvent négligés, tels que les enjeux commerciaux. Selon Margot Wallström, ex-ministre suédoise des Affaires étrangères (2014-2019) et pionnière de la notion de diplomatie féministe, qu’elle a introduite en 2014, « moins de 10 % des accords de paix sont signés par des femmes ». 

La France en tête

En 2024, 670 millions de femmes vivaient à proximité de conflits, le chiffre le plus élevé depuis les années 1990. Dans un contexte où le monde fait face au plus grand nombre de conflits actifs depuis 1949, les violences sexuelles ont augmenté de 87 % en seulement deux ans. Alors même que les dépenses militaires grimpent, le financement des initiatives féministes s'effondre. 

La France se positionne aujourd'hui comme le premier bailleur international de soutien aux organisations féministes sur le globe, allouant 250 millions d’euros à environ 1500 organisations dans 75 pays, y compris dans des contextes de crises humanitaires. 

Pour l'ONU, le manque d'intégration des femmes dans les processus de paix constitue un échec flagrant de la politique internationale. Isabelle Rome, Ambassadrice pour les droits humains et ancienne ministre de l’égalité femmes/hommes en France, a déclaré lors de cette conférence qu’il est nécessaire d'inclure les femmes dans les politiques de reconstruction. Face aux défis contemporains tels que le réchauffement climatique et l'accélération de l'intelligence artificielle, qui désavantagent particulièrement les femmes, il est crucial de développer cette approche. Pour elle, «l’avancement des droits des femmes est indissociable d’un ordre international juste, stable et solidaire ».

Le défi de la cohérence

Bien que des États se déclarent partisans de la diplomatie féministe, nombre d'entre eux continuent d'exporter des armes, de coopérer avec des régimes autoritaires, d'augmenter leurs budgets militaires tout en réduisant l’aide internationale et en imposant des politiques migratoires répressives. Ces choix nuisent directement aux femmes et aux minorités. Dans un contexte de montée des nationalismes, certain·es expert·es considèrent même le masculinisme comme un pilier d’une « internationale réactionnaire », qui vise à affaiblir les droits des femmes et à réduire au silence les minorités. 

Par exemple, selon l’ONG Equipop, des délégations généreusement financées se rendraient aujourd’hui à l’ONU avec comme objectif de saboter les négociations et diluer le consensus international sur les droits des femmes et des minorités. Les mouvements antidroits à l'œuvre seraient financés par les États-Unis, la Russie et certains pays d'Europe, en lien avec des acteurs clairement réactionnaires. Selon Oxfam, alors que les dépenses militaires mondiales atteignent un record de 1 500 milliards de dollars, l’Aide Publique au Développement (APD) mondiale a chuté de 7,1 % en 2024. Moins de 0,1 % des fonds parviendraient donc directement aux organisations féministes locales, essentielles sur le terrain. À cause de cette pénurie de ressources, près de la moitié d'entre elles risque de fermer dans les six mois, et 90 % traversent une crise financière majeure.

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