Dans un article publié cette semaine, The Guardian explorait une hypothèse aussi provocatrice que parlante : si on interdisait aux femmes de voter, Trump serait élu haut la main et de la même manière si l’on excluait les hommes de l’équation démocratique, Kamala Harris serait face à un raz de marée électoral. Jamais le fossé, le « gap » qui sépare le vote des hommes et celui des femmes n’a été aussi important. Les chiffres sont même assez ahurissants. Au sein de l’électorat trumpiste, l’écart est de 12 points. Soit 40% des femmes contre 52% des hommes. Chez Kamala, l’écart est de 21 points, avec 58% des femmes contre 37% des hommes. Le tout additionné donne un écart de 33 points.
Le « gender gap », c’est-à-dire la différenciation de vote entre les hommes et les femmes, a longtemps été un fait notoire en politique et ce des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis comme en France, les femmes sont moins enclines à voter pour les droites populistes que les hommes. Pour la chercheuse Nona Mayer, cet état de fait serait lié à la différence de statut socio-professionnel entre les hommes et les femmes, ces dernières étant moins impactées par un sentiment de déclassement et donc moins enclines à voir dans les immigrés une menace. Si l’on ajoute à cela, la diffusion des combats féministes, les femmes sont en effet réticentes à cautionner des propos outranciers ou des points de programme qui impacteraient directement leur quotidien.