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The gender gap : les hommes et les femmes, pas le même combat

Aux États-Unis comme en France, les femmes sont moins enclines à voter pour les droites populistes que les hommes. Les femmes vont-elles réussir à sauver la démocratie ? Réponse le mardi 5 novembre. 

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

05 nov.

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The gender gap : les hommes et les femmes, pas le même combat

Aux États-Unis comme en France, les femmes sont moins enclines à voter pour les droites populistes que les hommes. Les femmes vont-elles réussir à sauver la démocratie ? Réponse le mardi 5 novembre. 

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

05 nov.

Dans un article publié cette semaine, The Guardian explorait une hypothèse aussi provocatrice que parlante : si on interdisait aux femmes de voter, Trump serait élu haut la main et de la même manière si l’on excluait les hommes de l’équation démocratique, Kamala Harris serait face à un raz de marée électoral. Jamais le fossé, le « gap » qui sépare le vote des hommes et celui des femmes n’a été aussi important. Les chiffres sont même assez ahurissants. Au sein de l’électorat trumpiste, l’écart est de 12 points. Soit 40% des femmes contre 52% des hommes. Chez Kamala, l’écart est de 21 points, avec 58% des femmes contre 37% des hommes. Le tout additionné donne un écart de 33 points. 

Le « gender gap », c’est-à-dire la différenciation de vote entre les hommes et les femmes, a longtemps été un fait notoire en politique et ce des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis comme en France, les femmes sont moins enclines à voter pour les droites populistes que les hommes. Pour la chercheuse Nona Mayer, cet état de fait serait lié à la différence de statut socio-professionnel entre les hommes et les femmes, ces dernières étant moins impactées par un sentiment de déclassement et donc moins enclines à voir dans les immigrés une menace. Si l’on ajoute à cela, la diffusion des combats féministes, les femmes sont en effet réticentes à cautionner des propos outranciers ou des points de programme qui impacteraient directement leur quotidien.

On a cependant observé lors des Européennes de juin 2024 en France un inquiétant recul du gender gap en France. Lors des élections présidentielles de 1995, le gender gap était de 7 points. Entre les élections européennes de 2019 et celle de 2024, le RN a gagné plus de 10 points auprès des femmes et 31% des électeur·ices RN sont maintenant des femmes. La faute à Jordan Bardella qui a su séduire un électorat jeune et féminin mais aussi à Marine Le Pen qui n’a pas hésité à se revendiquer du féminisme, quand bien même, il n’aurait rien de vraiment inclusif… 

Le gouffre qui sépare les femmes et les hommes aux Etats-Unis est aussi spectaculaire que facile à analyser. Les outrances de Trump, qui se vantait d’attraper les femmes « par la chatte » et de son nouveau colistier, JD Vance, pas en reste de métaphore féline lui aussi, avec sa tirade sur les « crazy cat ladies », sont assez difficiles à ignorer. Si l’on ajoute à cela l’annulation par la Cour Suprême en juin 2022 de l’arrêt Roe vs Wade qui autorisait l’avortement depuis 1973, les Américaines sont non seulement ulcérées par les outrances misogynes et sexistes de Trump mais elles en ont aussi subi les effets de la pire des manières qui soit. A ceux qui prônent le « on a jamais essayé », les femmes américaines peuvent témoigner des dégâts qu’une politique d’extrême-droite est capable de causer. 

Les Américaines se sont donc massivement mobilisées pour lutter contre la politique de Trump et son possible retour à la Maison Blanche. La National Organization for women, le principal groupe féministe aux États-Unis, ont lancé le « Womenroar24 », littéralement « les femmes rugissent ». En partenariat avec l’artiste Jacqueline Von Edelberg, elles ont transformé un Ford F-150 en un outil de mobilisation. Le « pick up macho » peint en rose traverse les Etats-Unis pour convaincre les électeurs et électrices de voter et surtout, de voter Kamala Harris. Dans un article du 3 octobre 2024, le journal Le Monde a consacré un article sur la mobilisation massive des femmes noires de Géorgie en faveur de Kamala Harris, détaillant les méthodes de phoning, de porte-à-porte de l’association Georgia Stand up, afin d’identifier les électeurs et électrices potentiel.les. 

Les femmes sont donc non seulement à la pointe de la mobilisation politique et du militantisme aux États-Unis, et même si on peut s’en réjouir, les difficultés de Kamala Harris à mobiliser l’électorat masculin reste problématique tout comme une polarisation qui voit les hommes et les femmes se faire face. Les femmes vont-elles réussir à sauver la démocratie ? Réponse le mardi 5 novembre. 

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