La 79ème Assemblée Générale des Nations-Unies s’est tenue à New-York la semaine dernière. La Prix Nobel de la Paix, Narges Mohammadi a fait parvenir une lettre à son Secrétaire général pour lui demander d’agir pour que cesse les atteintes aux droits humains en Iran. Selon Amnesty International, 2023 est l’année présentant le nombre record d’exécutions depuis huit ans et le recours à la peine de mort a doublé depuis l’émergence du mouvement « Femme, Vie, Liberté ».
Ce mouvement demande la fin de la théocratie islamique. Il est né en réaction au décès en détention de Mahsa Amini, 22 ans, à Téhéran le 16 septembre 2022. Elle avait été violemment arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire iranien.
Pour Nahid Naghshbandi, chercheuse par intérim sur l’Iran à Human Rights Watch (HRW) « Les autorités n’ont pas rendu de comptes pour les centaines de meurtres et les milliers d’arrestations de femmes, et elles ont systématiquement poursuivi leur répression des opposants, de la société civile et des militant-e-s des droits humains. À ce jour, ni le changement de gouvernement ni l’entrée en fonction du nouveau président n’ont apporté le moindre changement aux actions répressives des autorités envers la dissidence. »
Dans une interview donnée à CNN le 24 septembre, le président iranien Massoud expliquait que “le changement, ça prend du temps” et a esquivé la question du journaliste qui lui demandait si les femmes pouvaient à présent sortir tête nue en Iran.
Nouvelle vague de répressions en avril 2024
Depuis septembre 2023, le projet de loi d'urgence visant à rendre plus strict code vestimentaire, a été approuvé par la commission judiciaire du parlement qui a également convenu que cette loi sera mise en œuvre de manière expérimentale pour une période de trois ans (généralement le cas en période de crise). Cela a également été approuvé par le Conseil des gardiens.
En avril 2024, une nouvelle vague de répressions s’est abattue sur les femmes suite aux déclarations du guide suprême, Ali Khamenei, qui a affirmé que le hijab était une “obligation religieuse et légale”, exhortant tous les “fonctionnaires, citoyens et promoteurs de la vertu” à s’acquitter de leur devoir en le faisant respecter. Le commandant des forces de sécurité de l’État a annoncé qu’à partir du 13 avril, la répression contre les femmes ne respectant pas le hijab obligatoire serait considérablement intensifiée dans tous les lieux publics. Les tristement célèbres patrouilles de la moralité ont donc fait leur retour dans les rues pour arrêter les femmes non voilées et des témoignages ont également fait surface selon lesquels des caméras de surveillance sont utilisées pour identifier les conductrices qui ne respectent pas ces règles.
La Mission internationale indépendante d’établissement des faits de l’ONU sur l’Iran a conclu en septembre à une escalade de violence depuis le printemps dernier. Selon cette dernière, “les forces de sécurité ont encore intensifié les schémas préexistants de violence physique, notamment en frappant, en donnant des coups de pied et en giflant les femmes et les filles perçues comme ne respectant pas les lois et les réglementations sur le hijab obligatoire”.
Rappelons également que pour Ali Khamenei, le port du hijab était dès 2018 une réponse au mouvement #metoo qui devait mettre fin au harcèlement des femmes.