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Italie : Le patriarcat est mort ! Vive le patriarcat ! 

Pour le ministre de l'Education, le patriarcat est mort. Or en Italie, le ministère de l’Intérieur décompte 84 féminicides depuis le début de l’année ; des initiatives se multiplient pour contrer les conséquences du patriarcat, de ses violences sous toutes ses formes...

Illustration de Clothilde Le Coz

Clothilde Le Coz

03 déc.

two flags of Italy on flag poles
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Italie : Le patriarcat est mort ! Vive le patriarcat ! 

Pour le ministre de l'Education, le patriarcat est mort. Or en Italie, le ministère de l’Intérieur décompte 84 féminicides depuis le début de l’année ; des initiatives se multiplient pour contrer les conséquences du patriarcat, de ses violences sous toutes ses formes...

Illustration de Clothilde Le Coz

Clothilde Le Coz

03 déc.

Vous avez sûrement vu passer cette vidéo polémique dans laquelle Giuseppe Valditara, le ministre de l’Education italien a déclaré que « le patriarcat n’existait plus ». Selon lui, le patriarcat est mort il y a 50 ans quand le droit de la famille a été réformé en Italie car les époux sont depuis à égalité en droits et devoirs devant la loi. Voici la vidéo.

Pour le ministre, le patriarcat est donc mort car il n’a plus lieu d’être juridiquement. Or en Italie, le ministère de l’Intérieur décompte 84 féminicides depuis le début de l’année ; des initiatives se multiplient pour contrer les conséquences du patriarcat, de ses violences sous toutes ses formes et même la présidente Georgia Meloni conçoit que la violence à l’encontre des femmes soit bien une « plaie sociale et culturelle ». Le 25 novembre, le tribunal de Milan a condamné à perpétuité un homme pour le meurtre de sa fiancée enceinte de 7 mois. Le même jour, le parquet de Venise a requis la prison à vie pour un autre homme accusé d’avoir tué sa compagne de plusieurs coups de couteau.

Très critiqué, le ministre a souhaité insister sur le fait qu’il parlait bien de l’angle juridique et non culturel du patriarcat. Mais il est allé plus loin dans sa déclaration aux députés en affirmant la chose suivante aux « nouveaux entrants en Italie » : «Notre Constitution n’admet pas les discriminations fondées sur le sexe […] Il ne faut pas se voiler la face : l’augmentation des phénomènes de violence sexuelle est aussi liée à une forme de marginalité et de déviance qui dérivent en quelque sorte de l’immigration illégale ».

« En quelque sorte » ; l’amalgame est lâché, sans fondement. Et pour soutenir son ministre, Georgia Meloni a déclaré qu’il « existait sûrement » des données qui pointent également vers une incidence significative de l’immigration clandestine massive dans ce domaine. D’ailleurs, c’était l’un de ses angles de campagne en 2022 quand elle a utilisé la vidéo d’un viol commis en pleine rue pour exposer son plan sécuritaire.

En réalité et selon le Corriere Della Serra, “Il est abusif de dire que les étrangers sont responsables de cela : selon l’Istat [Institut national de statistique italien], en 2022 (date des dernières données disponibles), 93,9 % des femmes italiennes assassinées ont été tuées par des Italiens. Le reste ne sert qu’à alimenter une certaine propagande fondée sur des ‘perceptions’.” Ces approximations voulues par le ministre de l’Education et la présidente montrent à quel point la croyance influence la perception de la réalité et en fait des réalités politiques. 

Rappelons les faits, déjà publiés par Politis en mars dernierAujourd’hui, dans certaines régions d’Italie où les partis d’extrême droite sont présents et en majorité, l’accès à l’avortement est largement contraint et la priorité est ailleurs. Dans le Piémont par exemple, la région dirigée par le parti de Georgia Meloni a injecté 1 million d’euros d’argent public pour soutenir les femmes enceintes et mettre en place des « salles d’écoute » pour que les femmes puissent renoncer à leur décision d’avorter. Le sénat italien a également adopté une loi le mois dernier qui pénalise la gestation pour autrui (GPA) même à l’étranger. La GPA y est d’ailleurs qualifiée de « crime universel », au même titre la pédocriminalité et le génocide.

Ce qui est aujourd’hui dommageable, outre les opinions sur la GPA et les droits des femmes, c’est que le ministre et sa présidente ne considèrent même plus qu’il soit important de s’appuyer sur la réalité des faits pour gouverner un pays. 

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