Les États-Unis comptent environ 1 500 quotidiens, ce qui représente une audience d’environ 20 millions de personnes (en ligne et papier). À peine 3% de ces titres de presse s’expriment aujourd’hui quant à leur soutien politique. Pourquoi cela fait-il polémique ?
Les mots de l’ancienne rédactrice en cheffe des pages « opinions » du Los Angeles Times, Mariel Garza, sont sans appel : « Je démissionne parce que je veux qu'il soit clair que je n'accepte pas notre silence […] En ces temps dangereux, les gens honnêtes doivent se lever. C’est comme cela que je le fais ». Sa décision fait suite à celle de son journal, le LA Times, de ne soutenir aucun·e candidat·e dans cette campagne présidentielle officiellement. C’est également le cas duWashington Post qui a signé un édito à ce sujet le 25 octobre pour « revenir aux sources » du journal. C’était inédit pour le journal depuis 1980 et cela lui a coûté plus de 200 000 abonné·es.
Le New York Times a fait le choix d’officialiser son soutien dès le 30 septembre à Kamala Harris. Il a d’ailleurs également publié un article qui montre que la décision du propriétaire du Washington Post reste « floue » à ce jour. L’ancien rédacteur en chef du Post à déclaré à ce sujet : « Si cette décision avait été prise il y a trois ans, deux ans ou même un an, elle aurait été acceptable. C'est une décision tout à fait raisonnable. Mais elle a été prise à quelques semaines des élections, sans que le comité de rédaction du journal n'ait eu de délibération sérieuse sur le fond. La décision a clairement été prise pour d'autres raisons, et non pour des raisons de principe. ». Jeff Bezos, propriétaire d’Amazon, a racheté le Washington Post en 2013 pour 250 millions de dollars. Le NYTimes rappelle que les dirigeants de son entreprise d’aéronautique Blue Origin rencontraient Donald Trump le jour où l’édito a été publié. L’équivalent de la société des journalistes du journal a fait savoir sa crainte que la direction ait interféré avec le travail de ses membres au sein du comité de rédaction. Pour Bezos, « il s'agit d'une mauvaise planification et non d'une stratégie intentionnelle ».