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VSS chez les enfants : une première mondiale pour espérer le changement

Près de 90 millions de garçons et de filles vivant aujourd'hui ont subi des violences sexuelles. Plus d'un milliard de femmes et d'hommes ont subi de telles violences dans leur enfance

Illustration de Clothilde Le Coz

Clothilde Le Coz

21 oct.

three girls holding each other hand walking towards brown soil
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VSS chez les enfants : une première mondiale pour espérer le changement

Près de 90 millions de garçons et de filles vivant aujourd'hui ont subi des violences sexuelles. Plus d'un milliard de femmes et d'hommes ont subi de telles violences dans leur enfance

Illustration de Clothilde Le Coz

Clothilde Le Coz

21 oct.

Si vous ne pouvez pas le mesurer, vous ne pouvez pas l'améliorerLa semaine dernière, l’Unicef a publié ses toutes premières estimations mondiales relatives aux violences sexuelles envers les enfants. Près de 90 millions de garçons et de filles vivant aujourd'hui ont subi des violences sexuelles. Plus d'un milliard de femmes et d'hommes ont subi de telles violences dans leur enfance(voir la définition des violences sexuelles selon l’Unicef).

D’où viennent ces chiffres ?

Les estimations publiées ont été établies à partir de la base de données publiée chaque année notamment par le groupe de la Banque Mondiale. Le plus grand nombre de victimes de viols et d'agressions sexuelles se trouve dans certaines des régions les plus peuplées, à savoir l'Afrique subsaharienne, l'Asie de l'Est et du Sud-Est, et l'Asie centrale et méridionale.

D’après les données recueillies, la plupart des violences sexuelles interviennent au cours de l’adolescence (particulièrement entre 14 et 17 ans). Les filles et les femmes sont davantage touchées, mais les données montrent que les garçons et les hommes sont également concernés (1 sur 11). Et ces données le confirment : les agresseurs sont en général dans le premier cercle des connaissances. De manière générale, les femmes de 18 à 24 ans sont victimes de leur partenaire intime et les jeunes hommes d’un ami ou d’un camarade de classe. Les agresseurs étrangers au cercle proche représentent 14 % des cas chez les femmes et 5 % chez les hommes.

Au niveau mondial, seule la moitié des pays recensés dans l’étude disposaient d'une source de données identifiée sur la violence sexuelle contre les filles (notamment en Afrique subsaharienne, Europe et Amérique du Nord).

Les chiffres que l’on ne trouve pas

Il n’existe pas de normes internationales pour classifier la violence contre les enfants. Les données lacunaires ou celles que l’on ne trouve pas sont en fait révélatrices des priorités des gouvernements en la matière. Par exemple, de nombreux pays ne disposent toujours pas de données de base, montrant que la violence sexuelle à l'égard des enfants n’est toujours pas une priorité.

Parmi les données que l’Unicef n’a pas pu recenser : les cas concernant les garçons et les formes de violence sans contact physique, le nombre probablement important d'enfants qui ne peuvent ou ne veulent pas signaler leur situation à la police, ce qui rend difficile d’appréhender l’ampleur réelle des violences sexuelles commises contre les enfants.

Parmi les raisons qui font que ces données sont parfois sous déclarées, on compte les normes sociales et la stigmatisation de la violence sexuelle, la gêne ressentie lors d’une interview de la part de la personne qui pose les questions ou celle qui les reçoit, les inquiétudes quant à la sécurité, en particulier lorsque l'auteur des violences est connu ou même présent au sein de la famille reste difficile à exprimer.

Même lorsque les victimes révèlent des expériences passées, beaucoup ne peuvent (ou ne veulent pas) indiquer l'âge exact auquel la violence sexuelle a eu lieu pour la première fois.

Tout cela peut affecter de manière significative les niveaux de prévalence rapportés.

La loi du silence reste dominante

Quel que soit le type de violence sexuelle subie ou les circonstances qui l'entourent, cette étude montre invariablement que la plupart des enfants retardent la révélation de ces agressions, parfois pendant de longues périodes, ou gardent le secret et n'en parlent jamais à personne.

En moyenne, sur ces 10 dernières années, environ 70 % des jeunes femmes âgées de 18 à 24 ans ayant subi une agression sexuelle dans leur enfance ont déclaré n'en avoir jamais parlé à personne. Une sur 10 a parlé, mais n'a pas demandé d'aide et 2 sur 10 ont cherché de l'aide.

Lorsque les victimes cherchent de l'aide, la plupart d'entre elles se tournent vers des personnes qu'elles connaissent personnellement, et très peu d'entre elles recherchent un soutien formel. Ainsi, 1 % des jeunes femmes qui ont subi des violences sexuelles dans l'enfance ont demandé une aide professionnelle.

C’est encore plus faible pour les garçons. Certaines études suggèrent qu’ils sont encore moins susceptibles de signaler leurs agressions que les filles pour diverses raisons, notamment la crainte d'être considérés comme vulnérables ou sans défense.

Alors, cette « libération » de la parole des enfants, ça avance comment ?

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