La tentation est grande, quand on s’intéresse à un autre pays, de se lancer dans la comparaison. Surtout s’il s’agit de la Belgique, pays avec lequel nous partageons une frontière et une langue, en tout cas avec les wallon·nes. Le réflexe est bien normal, surtout quand il s’agit de féminisme. Où en sont-elles ? De quoi pourrions-nous nous inspirer ? Est-ce que ce n’est pas mieux ? Pas pire ? Évidemment rien n’est comparable, la géographie, l’histoire, les populations sont toujours différentes.
Il n’en reste pas moins que comme la plupart des pays européens, la Belgique (comme la France, comme l’Angleterre, comme l’Italie…) a souffert, et souffre encore d’une difficulté à intégrer les femmes dans le paysage politique. Les femmes belges ont obtenu le droit de vote le 27 mars 1948, soit quelques années après les Françaises et que les premières lois sur la parité voient le jour dans les années 1990. Les premiers quotas sont institués en 1994 par la loi Smet-Tobback qui instaure un début de parité en limitant les membres d’un même genre sur une liste à 2/3. Cette loi sera suivie dans les années 2000 par des lois plus encadrantes encore, dans le sillage de la modification de la constitution en 2002 qui garantit le principe d’égalité entre les femmes et les hommes.
Et comme nombre des mouvements féministes de par le monde, la mobilisation des femmes belges a accompagné les grandes mutations du vingtième siècle.
La première association féministe structurée, la Ligue Belge du Droit des Femmes, voit le jour en 1892 et découle de l’affaire Popelin, c’est-à-dire de la mobilisation autour du refus de l’inscription au barreau de Marie Popelin, une jeune femme qui veut devenir avocate. Le féminisme belge, à ses débuts, sera donc marqué par la nécessité d’une égalité économique et sociale là où les mouvements français et anglais se concentrent majoritairement sur les droits politiques et plus particulièrement le droit de vote et d’éligibilité. Pour les féministes belges du début du XXème siècle, il est alors plus important de lutter pour l’émancipation des femmes sur le plan professionnel et économique que sur le plan politique. Cette tendance est aussi liée au milieu dans lequel s’enracine le féminisme à l’époque, un milieu bourgeois, plutôt libéral et surtout francophone.