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Le féminisme d'extrême droite n'existe pas

Le fémonationalisme, concept développé par la chercheuse Sara R. Farris pour désigner l'instrumentalisation par les nationalistes, néolibéraux, islamophobes et fémocrates d'un discours féministe à des fins électorales, a le vent en poupe en Europe, notamment auprès des candidates d’extrême droite.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

15 déc.

a close up of a typewriter with a paper on it
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Le féminisme d'extrême droite n'existe pas

Le fémonationalisme, concept développé par la chercheuse Sara R. Farris pour désigner l'instrumentalisation par les nationalistes, néolibéraux, islamophobes et fémocrates d'un discours féministe à des fins électorales, a le vent en poupe en Europe, notamment auprès des candidates d’extrême droite.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

15 déc.

Ça peut sembler évident pour beaucoup mais ça vaut le coup de le rappeler : les femmes politiques d’extrême droite ne sont pas des féministes. Leur tendance à se présenter comme des défenseuses des droits des femmes n’est qu’un leurre destiné à séduire l’électorat féminin. 

Souvenez-vous, c’était il y a un peu plus d’un an, comment se présentait la candidate de Fratelli d’Italia désormais élue, Giorgia Meloni : « Je suis Giorgia, je suis une femme, je suis une mère, je suis chrétienne. ». On pourrait se laisser tromper en se disant qu’il faut effectivement plus de femmes en politique sauf que Fratelli d’Italia est une coalition de partis d’extrême droite et que Giorgia Meloni, qui a commencé à militer au MSI, le parti héritier du Parti national Fasciste de Benito Mussolini, prône des valeurs réactionnaires et populistes : contre l’immigration, contre l’avortement et le mariage pour tout·es, etc.

Ces dernières années nous ont montré que la féminisation de la vie politique, que nous appelons de nos vœux, ne s’arrête pas aux frontières de l’ultra-libéralisme, ni de l’extrême droite. Longtemps presque exclusivement masculin, les partis d’extrême-droite européens, se sont massivement féminisés et ce n’est pas une bonne nouvelle. D’autant que ces nouvelles figures de la droite et de l’extrême-droite n’hésitent pas à se revendiquer du féminisme, quand bien même leur acception du terme n’aurait plus rien d’inclusif, afin d’afficher un visage plus acceptable et d’élargir leur électorat en le féminisant. C’est le cas de Giorgia Meloni, mais aussi, en France, de Marine Le Pen et de Marion Maréchal. Elles mettent en avant leur modernité et leur féminité. 

Indépendantes, divorcées, elles apparaissent comme des femmes normales, simples et accessibles dans lesquelles on peut aisément se projeter. Elles surjouent leur ancrage populaire pour se démarquer d’une oligarchie qu’elles prétendent abhorrer alors même qu’elles viennent de milieux plutôt très favorisés. Depuis sa grande maison familiale de Saint-Cloud, Marine Le Pen n’a jamais été tellement turlupinée par des fins de mois difficiles et la hausse du prix de l’énergie. Il n’empêche le subterfuge fonctionne. Mais derrière la façade de respectabilité et malgré quelques concessions a minima, les programmes de Marine Le Pen et Giorgia Meloni restent fondamentalement nationalistes, LGBTQIA+phobes et xénophobes.

Le fémonationalisme, concept développé par la chercheuse Sara R. Farris pour désigner l'instrumentalisation par les nationalistes, néolibéraux, islamophobes et fémocrates d'un discours féministe à des fins électorales, a le vent en poupe en Europe, notamment auprès des candidates d’extrême droite. Alors soyons vigilant·es, il faut certes plus de femmes en politique, oui, mais pas n’importe lesquelles !

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