Le 22 septembre dernier, Emmanuel Macron a pris la parole à l’Assemblée générale des Nations unies pour annoncer que “la France reconnaît aujourd’hui l’État de Palestine”. Ce geste, présenté comme “historique”, fait entrer la France dans le cercle des pays européens qui se sont décidés à franchir le pas : après l’Espagne, l’Irlande, la Norvège ou la Slovénie, c’est désormais un membre du G7 qui reconnaît la Palestine, et ce n’est pas rien. Mais on peut difficilement s’empêcher de se demander pourquoi cette reconnaissance arrive aussi tard et qu’est-ce qu’elle va réellement changer pour les palestinien·nes qui sont les victimes directes et immédiates d’un gouvernement génocidaire ?
Déjà rappelons que la reconnaissance de la Palestine n’a rien d’une fantaisie diplomatique, c’est une nécessité juridique et politique. Sur le plan du droit international, la Palestine a déjà rempli les critères d’existence d’un État (population, territoire, gouvernement, capacité d’entrer en relation avec d’autres États). Ce qui manquait, c’était la reconnaissance par ses pairs, indispensable pour peser dans les institutions et défendre ses droits. Aujourd’hui, 147 pays reconnaissent déjà la Palestine. La France arrive donc après la bataille, elle qui aurait dû envoyer ce signal depuis bien longtemps.
Alors oui, ce geste compte. Mais il serait irresponsable de le célébrer comme une fin en soi. Car que vaut une reconnaissance si elle n’est pas suivie d’actes ? Si la France continue de vendre des armes à Israël, elle se rend complice. Si elle ne nomme pas le génocide, elle cautionne le déni. Si elle refuse de sanctionner un gouvernement qui viole ouvertement le droit international, elle fait de la reconnaissance un drapeau vide, sans contenu. L’Espagne a annoncé des sanctions. La France, elle, reste pour l’instant dans les symboles.