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“Pauvreté : les femmes en première ligne”

Les femmes ne sont pas “en première ligne” seulement parce qu’elles sont plus nombreuses mais aussi parce que c’est sur elles que repose une grande partie de la charge d’une famille ou d’une société.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

29 nov.

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“Pauvreté : les femmes en première ligne”

Les femmes ne sont pas “en première ligne” seulement parce qu’elles sont plus nombreuses mais aussi parce que c’est sur elles que repose une grande partie de la charge d’une famille ou d’une société.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

29 nov.

Le 14 novembre dernier le Secours Catholique a publié son rapport statistique annuel sur l’état de la pauvreté en France en 2023. Ce rapport est issu de l’observation de plus de 49 000 situations sur l’ensemble du territoire français. Et cette année, en particulier, l’association pointe la situation des femmes et notamment des femmes seules avec enfants.

Sans grande surprise et dans un contexte post-covid de très forte inflation sur les aliments et l’énergie, la pauvreté s’aggrave en France et le Secours Catholique rapporte que plus de 90 % des usagers vivent en dessous du seuil de pauvreté et que 40 % sont même dans une situation d’extrême précarité. Avec, pour reprendre le titre de leur rapport, “les femmes en première ligne”. En effet, quand en 1989 les femmes représentaient 51 % des adultes rencontré·es par l’association, elles étaient 57,5 % en 2022.

Dur constat que celui d’une société où la pauvreté ne cesse de gagner du terrain et où les inégalités économiques entre les hommes et les femmes continuent de prospérer (si on peut se permettre cette expression). Dans Popol vs patriarcat nous nous sommes souvent penchées sur ces inégalités, notamment sur l’appauvrissement des femmes au moment des divorces et des séparations et sur le difficile combat des mères célibataires.

Les femmes ne sont pas “en première ligne” seulement parce qu’elles sont plus nombreuses mais aussi parce que c’est sur elles que repose une grande partie de la charge d’une famille ou d’une société. Ce sont elles qui se penchent sur le sort des enfants, des personnes âgées et des plus vulnérables. Ce fameux “care” dont on parle tant.

Cette paupérisation des femmes relève de ressorts que l’on connaît bien : salaires inégaux, carrières hachées et tronquées puisque pèse sur leurs épaules toute l’intendance familiale et matrimoniale, isolement géographique, etc. Dans leur édito, Véronique Devise, présidente du Secours Catholique et Adélaïde Bertrand, déléguée générale, pointent du doigt des politiques publiques inopérantes basées uniquement sur la dichotomie actif/inactif, et cette idée inefficace que le retour à l’emploi serait le seul moyen de sortir de la précarité. On réserverait aux actifs.ves le droit à la rémunération et aux inactif·ves l’obligation de se justifier et la honte.

Sur les femmes qui visitent le Secours Catholique, 62 % sont “inactives”, c’est-à-dire qu’elles se situent hors de l’emploi. Et si au lieu de se concentrer sur les raisons qui les éloignent du marché du travail et que nous connaissons par ailleurs tou·tes, on valorisait ce que ces femmes apportent à la société, à leurs enfants, les liens qu’elles tissent, les outils qu’elles développent pour essayer de s’en sortir, elles, leurs familles et leurs communautés d’une situation “de galère”, comme on dit.

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