“Mère célibataire”, “maman solo”, “mère isolée”, “divorcée”, “veuve”, il existe probablement autant de termes que de réalités pour définir une situation qui a longtemps été fondue dans le terme, fort accommodant, de “famille monoparentale”, qui permettait de dissoudre un état de fait parfaitement genré : sur les 25% de familles monoparentales en France, la majeure partie de ces parents solo sont des femmes. Et parce qu’elles sont de femmes, ces mères se retrouvent souvent dans des situations de précarité et de violence que l’État, la société et le monde de l’entreprise feignent de ne pas voir, ou peinent à endiguer.
Il existe de nombreuses raisons, et ce depuis la nuit des temps, pour qu’une femme se retrouve seule à élever son enfant. Ce peut-être un choix parfaitement assumé, ainsi que le revendique certaines féministes comme Johanna Luyssen ou Judith Duportail, et qui seront sans doute de plus en plus nombreuses grâce à la PMA. D’autres se retrouvent seules après des séparations qui se passent plus ou moins bien, quand on sait que les femmes sont souvent pénalisées au moment des séparations et des divorces par une politique sociale inégale et injuste et que 50 % des mères isolées ne peuvent pas compter sur l’aide du père de leur(s) enfant(s). Certaines ont aussi des mères Queer qui se retrouvent perdues dans des arcanes administratifs et sont alors seules responsables de leur(s) enfant(s) même si elles sont en couple.
Que ces maternités soient choisies ou subies, qu’elles soient heureuses ou malheureuses, source de joie ou de colère, elles sont souvent soumises à des discours réducteurs et stigmatisants. Bien paradoxaux d’ailleurs, la mère célibataire serait une femme perdue, pauvre et malheureuse qu’il faudrait protéger de son manque de discernement ou de la guigne qui semble lui coller aux basques et pourtant rien ne semble mis en place pour entendre sa colère, ses désirs aussi, changer l’ordre d’une société qui continue de considérer que les mères sont, par essence, corvéables à merci. Mais la monoparentalité n’est pas un accident de la vie, c’est la vie elle-même qui se déploie pour chacune d’entre nous, dans des termes qui nous appartiennent.