Dans son essai “Féminisme et réseaux sociaux, une histoire d’amour et de haine”, publié aux Editions Hors d’atteinte, l’autrice et militante Elvire Duvelle-Charles décortique les liens à la fois essentiels à la lutte mais aussi extrêmement complexes qui unissent le combat féministe et les réseaux sociaux et dont elle dit que c’est “une histoire d’amour ouvrant tous les possibles, une histoire de vies sauvées, mais aussi une histoire de haine.” À l’heure où nous célébrons la Journée internationale des droits des femmes, il nous a semblé important chez Popol de nous concentrer sur les effets des réseaux sociaux et du numérique dans la lutte féministe et dans la création d’un mouvement international structuré.
Il ne fait aucun doute que les réseaux sociaux ont joué un rôle fondamental dans la quatrième vague féministe, on pourrait même dire que Twitter et Instagram en sont les premiers instigateurs. Partout dans le monde, même à des milliers de kilomètres de distance, même sans la moindre visibilité médiatique, des femmes ont commencé à se faire entendre et surtout à se fédérer. La vague #metoo qui a débuté en 2017 dans le sillage de l’affaire Weinstein, en est un exemple éclatant. Impossible d’endiguer ce flot de témoignages, impossible de faire comme si ça n’existait pas. Isolées, écartées des lieux de pouvoir depuis toujours, écartelées entre les mille vies que le patriarcat leur impose, les femmes et les militantes ont trouvé dans la puissance des réseaux sociaux la possibilité de prendre la parole et d’être enfin visibles. La puissance fédératrice des réseaux sociaux est un atout de poids pour la mobilisation féministe, depuis des contingences techniques comme les appels à manifestation, les comités de soutien, en passant par des espaces d’échanges et de discussions… Ce pourrait être un outil incroyable dans la création d’un vaste mouvement de grève féministe par exemple.
Les réseaux sociaux sont aussi un excellent moyen de s’éduquer, de piocher des informations, notamment pour les jeunes générations et pour toutes celles et ceux qui n’ont pas forcément accès aux bibliothèques et aux universités.