Soyons claires ; l’“intelligence artificielle” fait partie de ce que l’on peut considérer une “fausse amie”. D’abord car nous avons un problème de traduction. Ensuite car ce n’est que le reflet artificiel de notre société réelle et donc inégalitaire.
Si vous cherchez une personne intelligente aux États-Unis, vous la trouverez “smart” ou “clever”. “Intelligence” fait plus généralement référence à la notion de “renseignement” au sens politique du terme, soit une information recueillie à l'intérieur ou à l'extérieur des États-Unis qui concerne les menaces pesant sur la nation, son peuple, ses biens ou ses intérêts. Il s’agit d’une modalité de recueil de renseignement, comme l’HUMINT (Human Intelligence) qui renvoie au renseignement d’origine humaine ou le SIGINT (Signal Intelligence) au renseignement d’origine électromagnétique etc.
Pour le Parlement européen, l’I.A désigne la possibilité pour une machine de reproduire des comportements liés aux humains, tels que le raisonnement, la planification et la créativité. Elle permet à des systèmes techniques de percevoir leur environnement, gérer ces perceptions, résoudre des problèmes et entreprendre des actions pour atteindre un but précis. L’ordinateur reçoit des données (déjà préparées ou collectées via ses capteurs - une caméra, par exemple) les analyse et réagit.
Les systèmes dotés d’I.A sont capables d’adapter leurs comportements (plus ou moins) en analysant les effets produits par leurs actions précédentes, travaillant de manière autonome. L’ “intelligence” fait référence au fait qu’elle s’adapte et peut donc prédire car nous, humains, sommes prédictibles. Accordons-nous donc ici le loisir de parler plutôt d’ “éclairage artificiel” ou d’“information rassemblée de manière artificielle”, plutôt que d’intelligence. Il est également possible de parler d’“apprentissage machine” (ou machine learning), l’application la plus connue de cet éclairage artificiel.
Algos b(i)aisés
L’intoxication par l’information rassemblée de manière artificielle mène à la propagande. En France par exemple, on sait que le sexisme s’aggrave chez les hommes de moins de 35 ans et que les “plateformes numériques” sont de “véritables caisses de résonance des stéréotypes de genre” selon le dernier rapport du Haut Commissariat à l'Égalité.