Logo du site Popol Media

Barbecue gate et CO2

En 2025, des chiffres de plusieurs instituts statistiques et de l’Ademe démontrent que nous seulement les choix alimentaires sont genrés mais aussi que l’impact CO2 lié à l’alimentation est plus élevé chez les hommes que les femmes.

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

05 août

steak on charcoal grill with fire
Logo du site Popol Media

Barbecue gate et CO2

En 2025, des chiffres de plusieurs instituts statistiques et de l’Ademe démontrent que nous seulement les choix alimentaires sont genrés mais aussi que l’impact CO2 lié à l’alimentation est plus élevé chez les hommes que les femmes.

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

05 août

Alors que les beaux jours reviennent, le débat autour du « barbecue » refait lui aussi surface. Pour rappel, en 2022, Sandrine Rousseau lançait la polémique autour du genre des grilleur.euse.s de viande, lançant un buzz et récoltant du harcèlement en ligne de la part des viandards mécontents. En 2025, des chiffres de plusieurs instituts statistiques et de l’Ademe démontrent que nous seulement les choix alimentaires sont genrés mais aussi que l’impact CO2 lié à l’alimentation est plus élevé chez les hommes que les femmes.

L’Insee, institut national de la statistique et des études économiques, publie régulièrement une étude statistique appelée « Budget des ménages ». Grâce à celle-ci, une multitude d’informations nous sont fournies, notamment sur les dépenses et préférences alimentaires des français.es.

Par exemple, les repas et collations pris hors du domicile représentent une part significativement supérieure du budget des hommes seuls : 7 % (dont 5 % pour les seuls restaurants et cafés), contre 4 % pour les femmes seules. De même, les femmes vivant seules consacrent 11 % de leurs dépenses alimentaires à domicile à l’achat de légumes, contre 8 % pour les hommes seuls. Elles privilégient plus qu’eux les légumes frais (60 % de leur budget en légumes, contre 50 % pour les hommes) aux conserves et plats préparés (18 % contre 28 %). Les femmes seules consacrent également une plus grande part de leurs dépenses alimentaires au lait, fromages et œufs, aux fruits, aux poissons et fruits de mer. En revanche, les boissons alcoolisées représentent 12 % des dépenses d’alimentation à domicile des hommes seuls, contre 7 % pour les femmes seules.

La part des dépenses alimentaires consacrées à la viande est de 18 % pour les femmes pour 22% chez les hommes. En outre, les hommes consomment plus de viande sous forme de plats préparés ou conserves (+ 5 points dans les dépenses en viande) et de bœuf, alors que les femmes privilégient la volaille (+ 3 points). Les produits consommés par les hommes sont plus souvent transformés ou ultra‑transformés (conserves, plats préparés, biscuits, etc.) : ils représentent 64 % de leurs dépenses d’alimentation à domicile, contre 56 % pour les femmes. En compensation, ces dernières consomment plus de produits bruts (41 % contre 33 % pour les hommes).

En résumé, l’alcool et la viande rouge sont les deux aliments qui sont largement plus consommés par les hommes que par les femmes : deux fois plus pour la viande rouge et trois et demi fois plus pour l’alcool.

Pour Nora Bouazzouni, autrice du livre « Steaksisme, en finir avec le mythe de la végé et du viandard », la viande rouge est l’aliment le plus chargé symboliquement de manière viriliste. Dans une interview de Reporterre, elle explique que « La viande […], c’est le muscle, la protéine. Quand on en mange, on pense absorber l’énergie vitale de l’animal. Comme la viande rouge symbolise la force et la virilité, ce n’est pas étonnant que les hommes pensent en avoir plus besoin que les femmes. »

Une fois cette différence alimentaire décomposée par genre, grâce à l’outil Impact Co2 de l’Ademe, il est possible de visualiser le poids carbone de chaque type d’aliment. C’est à cette occasion que l’on voit alors qu’à cause de leur choix alimentaire, les hommes polluent plus que les femmes. 

En effet, la viande de bœuf et de veau sont en tête des aliments qui ont un impact CO2 le plus élevé. En termes d’impact carbone, pour 1 kg d'aliments, les “plats préparés” (cheeseburger, kebab, burger au poulet, etc.) arrivent en 3ème position après les “viandes” et les “poissons et fruits de mer”. En effet, plus un produit est transformé, emballé et réfrigéré, plus il consomme d’énergie pour sa préparation, son emballage et sa conservation. Pour limiter l’empreinte de son assiette, il est donc préférable de privilégier les produits non suremballés et de cuisiner des aliments bruts, locaux et de saison. A titre de comparaison basée sur la quantité de kg CO2e émise, un repas avec du bœuf équivaut 5 repas avec du poulet et est l’équivalent de 14 repas végétariens !

Autre que les conflits BBQ ou pas, viande ou pas, femme ou homme, se concentrer sur le poids environnemental des aliments pourrait mettre tout le monde d’accord. Car en cette période caniculaire où le changement climatique n’a jamais été aussi visible, consommer responsable et durable est une nécessité.

Soutenez Popol Media

Aidez-nous à rester indépendantes