Encore plus depuis la pandémie de Covid-19, le vélo est devenu la star du déplacement urbain. Moyen de transport le plus économique après la marche, le vélo a les bienfaits d’être écologique, rapide et bon pour la santé. Cependant, dans une ville faite par les hommes, pour les hommes [1], l’impact positif du vélo n’est pas égale selon le genre et l’âge des cyclistes. Comme le rappelle l’ADEME dans une de ses récentes études, seulement un cycliste du quotidien sur trois est une femme[2]. Il en est de même dans la pratique cyclosportive, avec seulement 10 % d’adhérentes. Alors que nous sommes dans une ère où le vélo est l’outil d’émancipation et de lutte contre le tout-voiture, pourquoi les femmes sont sous-représentées ?
Une étude sur Bordeaux Métropole a été menée en 2021 par Yves Raibaud, géographe spécialisé dans le genre. Elle montre que 38% des cyclistes sont des femmes. Malgré une augmentation de la part modale des femmes à vélo, l’étude montre également dans quel but les femmes font du vélo.
Ainsi, il a été observé que lorsqu’il y avait le plus de femmes à vélo dans les rues, il était aux alentours de 18h, soit l’heure de la sortie du travail, des courses et des sorties d’école. De plus, il a été remarqué que les femmes sont plus chargées à vélo : sacs de courses, porte-bagages, sacoches, paniers, parapluies, etc. Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à ne rien porter. Cela est en rapport qu’en 2024 encore, les femmes étaient 76% à avoir la charge du fonctionnement du foyer lorsqu’elles sont en couple et 84% lorsqu’il y a au moins un enfant. Les hommes sont plus nombreux les soirées et dimanche après-midi. D’après l’étude, cet écart est dû à plusieurs facteurs, notamment au fait que les femmes font du vélo pour leurs déplacements quotidiens et ne se sentent pas forcément à l’aise sur des espaces non aménagés et non éclairés. En effet, l’enquête a également révélé que les femmes ont un sentiment d’insécurité la nuit à vélo. En effet, l’écart se creuse la nuit et par temps de pluie : 78 % des cyclistes sont alors des hommes. Le pourcentage d’hommes ne passe jamais en dessous de 56 % des cyclistes, toutes places, horaires et jours d’observations confondus.