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Féminisme bio

Les femmes ont une action forte sur la gestion des terres et des ressources naturelles, le renforcement des capacités d'adaptation face aux changements climatiques et les luttes contre les monstres de l’agro-chimie. 

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

20 mars

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Féminisme bio

Les femmes ont une action forte sur la gestion des terres et des ressources naturelles, le renforcement des capacités d'adaptation face aux changements climatiques et les luttes contre les monstres de l’agro-chimie. 

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

20 mars

Les femmes agricultrices sont les grandes oubliées des imaginaires, des médias, politiques ou organisation lorsque l’on parle du monde rural. Par exemple, on parle de grève des agriculteurs ou des paysans, avec l’image d’homme à moustache sur leur tracteur, jamais de la paysanne dont le labeur n’est reconnu que depuis peu comme une profession à part entière. Pourtant, les femmes rurales représentent un quart de la population mondiale ; en France, un agriculteur sur quatre est une agricultrice.

Les femmes ne sont pas des agriculteurs comme les autres. Elles jouent aujourd’hui un rôle prépondérant dans la transformation du monde agricole et de l’agriculture, notamment l’intégration dans la bio dans les exploitations. En 2017, la Fédération Nationale d'Agriculture Biologique (FNAB), avec le soutien de l’Agence bio, a fait une enquête auprès des femmes agricultrices. Il en ressort qu’elles sont souvent à l’initiative du passage en bio dans les fermes, à la fois parce qu’elles sont très sensibles à la santé de leur famille mais aussi sensibles aux enjeux environnementaux. Par ailleurs ce sont majoritairement elles qui assurent le travail administratif et comptable des fermes et sont donc au fait de la situation économique des fermes. Enfin, ce sont souvent les femmes qui sont créatrices de nouveaux ateliers sur la ferme, notamment pour recréer plus de lien avec les consommateurs·trices et leur expliquer ce qu’est l’agriculture biologique. Elles jouent donc un rôle important dans l’essor de l’agriculture bio, dans la recherche de nouvelles façons de travailler ou de commercialiser les produits.

Aussi, les femmes ont une action forte sur la gestion des terres et des ressources naturelles, le renforcement des capacités d'adaptation face aux changements climatiques et les luttes contre les monstres de l’agro-chimie.  C’est notamment une femme qui est considérée comme la plus grande défenseuse de ces mouvements.

Vandana Shiva est connue des néo-féministes occidentales comme une des fondatrices de l’écoféminisme. Mais il ne faut pas oublier d’où vient son combat : du monde rural. Au début des années 70, Vandana Shiva, à peine âgée de 21 ans, rejoint sa mère agricultrice dans le mouvement féministe Chipko qui lutte contre l'exploitation forestière commerciale dans sa région d’Uttarachal située au nord de l'Inde. En 1991, Vandana Shiva a créé l'une des premières banques de semences communautaires en Inde. Aujourd'hui, avec plus de 150 centres agricoles locaux répartis dans 22 États, qui stockent et cultivent des espèces végétales indigènes, Shiva est considérée comme le « Gandhi des céréales ».

Ce travail a conduit à la création de Navdanya, un mouvement visant à protéger les semences indigènes en Inde tout en favorisant les moyens de subsistance dans le cadre d'une agriculture régénératrice d’agro-foresterie et bio. Navdanya, qui signifie « Neuf graines » ou « Nouveau don », est centré sur les femmes et dirigé par des agriculteurs·trices, qui apprennent à cultiver des plantes régionales et ancestrales ainsi que des aliments résistants au climat. À ce jour, 2 millions agriculteurs·trices se sont convertis à l'agriculture biologique dans différentes régions de l’Inde, et l'initiative s'est étendue à 150 banques de semences communautaires.

Aujourd'hui, Vandana Shiva continue de se battre pour la conservation de la biodiversité et la liberté des semences, ou le rejet des brevets des entreprises sur les espèces végétales. C’est une fervente opposée aux OGM et à Monsanto. Elle lutta également Coca-Cola en 2004, qui devra fermer une usine devant la mobilisation orchestrée par la militante face à la privatisation de l’eau et à l’épuisement des nappes phréatiques. Le vaste champ d’action de  Shiva illustre aussi parfaitement pourquoi les femmes sont essentielles à la résolution de la crise climatique. L'agriculture régénératrice, les énergies renouvelables et la conservation des écosystèmes sont les trois piliers de l'action qui peuvent limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5°C.

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