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Biodiversité, je t’aime

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

02 mai

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Biodiversité, je t’aime

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

02 mai

Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), appelle à un “pacte de paix avec la nature” à Montréal. Lors de ce sommet mondial, moins connu que les COP pour le climat, un accord dit “historique” a été signé visant à protéger un tiers de la biodiversité mondiale soit protéger 30 % des terres, des zones côtières et des eaux intérieures de la planète d’ici la fin de la décennie. Cependant, cet accord, comme l’accord de Paris, reste plus ambitieux sur le papier que dans sa mise en place.

Contrairement au dérèglement climatique et à la production de CO2, la biodiversité est assez peu évoquée dans la communication écologique à destination du grand public. Même dans les politiques de développement durable des collectivités ou des entreprises, celle-ci est rarement évoquée.

Pourtant, le déclin alarmant de la biodiversité est aussi mortifère que le changement climatique et bien plus rapide que celui-ci. Sur les quelque 8 millions d’espèces animales et végétales estimées sur la planète, un million sont menacées d’extinction, selon les expert·es de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques), appelé aussi le GIEC de la biodiversité. Près de 75 % de la surface terrestre et 66 % de celle des océans sont altérées de manière significative. Le déclin de la biodiversité, “réduit considérablement la capacité de la nature à contribuer au bien-être des populations […] Elle est le socle de notre alimentation, de notre eau pure et de notre énergie. Elle est au cœur non seulement de notre survie, mais aussi de nos cultures, de nos identités et de notre joie de vivre.” alerte le britannique Robert Watson.

Ce qui est considéré comme la 6ème grande extinction, la plus grosse après celle des dinosaures, est cette fois causée par une seule espèce, l’espèce humaine.

Les écosystèmes sont bouleversés et la sécurité de l’humanité aussi : leurs aides à la protection du climat diminuent, leur rôle indiscutable dans l’agriculture menace notre alimentation, leur protection des sols contribue à la sécheresse ou aux aléas météorologique comme les tsunamis, tempêtes ou inondations. Les mangroves, nurseries des océans et digues contre la montée des eaux font partie des espaces les plus en danger avec la destruction de la forêt.

Petits, invisibles, urticants, dangereux, colorés, nuisibles ou trésors, les insectes sont aimés ou détestés, leur disparition trouve donc un écho moindre dans le débat public. Pourtant, comme s’inquiète Francisco Sanchez-Bayo, biologiste à l’Université de Sydney, “cela se passe à une vitesse incroyable. Dans 100 ans, tous les insectes pourraient avoir disparu de la surface de notre planète”. Or les insectes ont une fonction unique et irremplaçable dans la chaîne alimentaire. Outre être une source unique de subsistance de nombreux animaux, les insectes pollinisateurs assurent la reproduction de 80 % des plantes sauvages et du tiers des cultures vivrières à l’échelle mondiale. Si jamais les insectes venaient à disparaître, l’Humanité ne saurait faire leur “travail”, d’où des pertes de production et un coût économique important, des risques de famines aggravés et une survie en danger. L’agriculture, soit par la transformation des terres soit par l’utilisation de pesticides et engrais est la principale cause de ce déclin est la destruction des habitats ainsi que l’urbanisation.

La disparition des insectes dans le monde menace dangereusement la capacité alimentaire des populations et de fait, accentue indirectement la fragilité des femmes dans les sociétés. La dégradation des écosystèmes naturels et la disparition des insectes ont des impacts sexospécifiques, fragilisant l’autonomisation des femmes et des filles partout dans le monde, en particulier celles qui sont autochtones ou qui vivent dans les pays du Sud. En effet, les femmes représentent plus de 40 % de la main-d’œuvre agricole et 47 % de la main-d’œuvre de la pêche dans le monde, mais elles représentent moins de 20 % des propriétaires terriens. Un récent rapport des Nations unies indique que dans au moins 102 pays, les femmes se voient refuser les droits de propriété terrienne en vertu de lois coutumières, traditionnelles ou religieuses. Or, il a été démontré que la place des femmes est primordiale pour remédier efficacement à la perte de la biodiversité et à un maintien d’une agriculture durable. Depuis des siècles, des femmes s’efforcent de préserver la diversité biologique de la terre en utilisant des matériaux naturels pour construire, cultiver, élever, nourrir et soigner. Elles dédient leur travail ou leur vie à une espèce ou une zone particulière, ou à la nature en général, notamment pour la subsistance alimentaire de leur famille.

Et si la Femme était le futur de la biodiversité ?

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