Le 9 juin 2024 peu après 20h, Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale et la convocation de nouvelles élections. Trois semaines plus tard, une campagne éclaire accompagnée d’une mobilisation sans précédent ont permis au Nouveau front populaire de remporter 193 sièges à l’Assemblée nationale pour devenir ainsi la force politique principale au sein de la chambre basse.
C’est contre toute attente, et en déjouant les pronostics des plus grands instituts de sondage et des médias, que le NFP a réussi à remporter cette victoire. Car c’en est une, malgré celleux qui refusent de le reconnaître. Des partis qui venaient, quelques mois auparavant, d’annoncer leur rupture, ont réussi à s'asseoir autour de la table, à définir un programme commun et à faire campagne, main dans la main. Cette union - voulue et impulsée par le peuple de gauche - a marqué les esprits. La joie collective ressentie le 7 juillet est ancrée dans notre mémoire militante. La mobilisation massive de ce début d’été a permis de (re)politiser bon nombre de personnes. Les alliances créées, au pied levé, entre les différentes organisations de la société civile, les médias (de gauche), les influenceureuses, etc. ont contribué à structurer et à faciliter les interactions potentielles. Tout cela est bénéfique pour le futur et ce sont des choses sur lesquelles nous devons capitaliser pour porter collectivement nos luttes. Le temps de la joie fut, hélas, assez bref et a rapidement laissé sa place au temps de la désillusion et de la déception.
La déception est arrivée très rapidement, presque au lendemain du second tour des élections législatives, lorsque l’on a compris que le NFP ne gouvernerait pas. La désillusion, elle, a mis peut-être plus de temps à gagner nos esprits car, dans un premier temps, les manifestations et mobilisations aux quatre coins du pays nous laissaient espérer que nos voix et nos votes seraient entendus. Puis il y a eu les vacances, les JO et des semaines “de traitement des affaires courantes” par un gouvernement démissionnaire… Plus les jours passaient et plus l’on s’enfonçait dans un flagrant déni de démocratie. Ce déni a été définitivement scellé avec la nomination de Michel Barnier à Matignon. Ce dernier, issu d’un parti politique n’ayant remporté que 5,41 % des suffrages lors du second tour des élections législatives, se retrouve aujourd’hui à la tête d’un gouvernement, auto-proclamé de “coalition” (j’y reviendrai plus tard), composé de responsables politiques venant du camp présidentiel et du camp du parti Les Républicains (qui ne compte qu’une petite quarantaine de député·es à l’Assemblée nationale). Il est tout de même assez important de rappeler que ce parti n’a pas joué le jeu du Front républicain…