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La première élection présidentielle dans un pays où l’IVG a été déconstitutionnalisée…

Près d’un demi siècle après la décision de la Cour suprême qui avait attribué une valeur constitutionnelle au droit à l’IVG, il est difficile de concevoir qu’un tel retour en arrière ait pu avoir lieu, au point où cette question est devenue décisive pour de nombreux·ses électeur·ices.

Léa Chamboncel

05 nov.

a group of people holding signs and a sign
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La première élection présidentielle dans un pays où l’IVG a été déconstitutionnalisée…

Près d’un demi siècle après la décision de la Cour suprême qui avait attribué une valeur constitutionnelle au droit à l’IVG, il est difficile de concevoir qu’un tel retour en arrière ait pu avoir lieu, au point où cette question est devenue décisive pour de nombreux·ses électeur·ices.

Léa Chamboncel

05 nov.

Un peu plus de deux ans après, on constate aujourd’hui que l’avortement est totalement interdit dans 13 États et que de nombreux autres États prévoient un accès très restreint à l’IVG comme c’est le cas notamment en Floride ou en Caroline du Sud. Les conséquences de cette déconstitutionnalisation sont désastreuses : au Texas, le taux de mortalité maternel a augmenté de 56%entre 2019 et 2022, le taux de mortalité infantile a également augmenté sur l’ensemble du territoire, etc.  

Près d’un demi siècle après la décision de la Cour suprême qui avait attribué une valeur constitutionnelle au droit à l’IVG, il est difficile de concevoir qu’un tel retour en arrière ait pu avoir lieu, au point où cette question est devenue décisive pour de nombreux·ses électeur·ices. Car en effet, il s’agit de la première élection présidentielle qui a lieu depuis la déconstitutionnalisation. 

La question de l’accès à l’avortement s’est ainsi imposée comme l’un des thèmes centraux de la campagne présidentielle actuelle. Alors que Kamala Harris a décidé de faire de la protection de ce droit un point fort de son programme, Donald Trump se voit challengé par l’électorat du parti républicain qui est assez divisé sur cette question. Plus globalement, les enquêtes d’opinion montrent que la majeure partie de la population états-unienne est favorable à la légalisation de l’IVG. Malgré cela, la généralisation de son accès sur l’ensemble du territoire est loin d’être acquise, que ce soit d’un point de vue tant politique qu’institutionnel. 

En effet, en l’état actuel - et vue la composition de la Cour suprême - il est assez peu probable que ses juges reviennent sur la déconstitutionnalisation. Par ailleurs, côté politique, il faudrait qu’une loi fédérale qui garantirait l’accès à l’avortement sur l’ensemble du territoire soit votée par le congrès. Or, d’une part sa composition actuelle ne le permettrait pas, et d’autre part, d’un point de vue purement légistique, il n’est pas certain que le congrès ait les compétences pour voter une telle mesure… En revanche, le législateur fédéral peut voter des lois qui faciliterait l’accès à l’avortement en allouant, notamment, des aides financières. 

Car au-delà des aspects légaux, il y a aussi la réalité de terrain et l’accès concret à l’IVG, puisque même dans des États où elle est autorisée, beaucoup de personnes ont des difficultés à pouvoir y recourir matériellement. Les cliniques sont débordées, les personnes sont intimidées par les anti-IVG, les coûts des interventions sont parfois très élevés (jusqu’à 25 000 dollars) et rarement remboursées… 

Vous l’aurez compris, il semble difficile d’imaginer que l’accès à l’avortement soit à nouveau protégé à court ou moyen terme aux États-Unis, bien que la majorité de la population y soit favorable. Alors que ce thème est central - à juste titre - dans cette campagne présidentielle, la lutte se joue en réalité essentiellement sur le terrain où associations et militant·es s'organisent au quotidien pour faciliter l’accès à l’IVG. 

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