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L’animal : un statut juridique bâtard 

Les associations spécialisées alertent les pouvoirs publics depuis des décennies : il faut beaucoup, beaucoup plus de moyens financiers pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Et malgré les travaux chiffrés, les tribunes, les interpellations, les manifestations, etc. les moyens demeurent insuffisants. 

Léa Chamboncel

15 janv.

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L’animal : un statut juridique bâtard 

Les associations spécialisées alertent les pouvoirs publics depuis des décennies : il faut beaucoup, beaucoup plus de moyens financiers pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Et malgré les travaux chiffrés, les tribunes, les interpellations, les manifestations, etc. les moyens demeurent insuffisants. 

Léa Chamboncel

15 janv.

“Les animaux sont quelqu'un, quelqu'une et non pas, comme nous ne l'avons que trop pensé, ici, en Occident, quelque chose. Quelque chose comme une machine, une décoration, un sac à main, un repas. Quelque chose dont la mort, au vrai, nous indiffère autant que la vie déjà nous indifférait. Un être devenu non-être à cette fin que nous soyons tout.” (Kaoutar Harchi, ainsi l’animal et nous page 22). Ici, l’autrice Kaoutar Harchi analyse le statut de l’animal dans nos sociétés et souligne un aspect très important : la place de l’animal a été pensée en opposition à “nous”. L’animal est perçu comme un bien et c’est d’ailleurs ainsi que le droit français l’a défini jusqu’en 2015. 

Aujourd’hui, l’animal est considéré en droit français comme un “être”. Un être vivant et sensible, une catégorie entre les personnes et les biens. Pour autant, le code civil ne prévoit pas de régime spécifique pour ces êtres auxquels l’on applique le régime juridique des biens corporels.  

L’animal est ainsi un peu “mieux” protégé qu’un bien traditionnel, mais moins qu’une personne… Par ailleurs, cette protection juridique varie en fonction du “type” d’animal : sauvage, domestique, etc. Ainsi, l'animal domestique, apprivoisé ou tenu en captivité est protégé par le code pénal contre les mauvais traitements et les actes de cruauté mais rien n’est prévu pour l’animal sauvage non captif ou non apprivoisé… 

Inutile d’insister, vous l’aurez compris : la protection des animaux par le droit français est loin d’être suffisante et leur statut reste assez peu protecteur…Néanmoins, il faut savoir que nous partons de loin, voire très loin. Et cette évolution, bien que lente et insatisfaisante, on la doit notamment aux militant·es anti-spécistes où les femmes sont majoritaires. En effet, comme vous le découvrirez plus en détail dans l’article d’Amandine Richaud Crambes plus bas, les liens entre sexisme et spécisme sont assez forts. 

Ainsi, nombreuses sont les femmes qui, depuis désormais des décennies, font le lien entre féminisme et anti-spécisme, comme ce fut le cas de Louise Michel : “Dans ses mémoires, Louise Michel fait elle aussi le lien entre sa défense de la cause animale et son combat contre le sexisme, dénonçant les “crimes de la force” par lesquels le peuple est assujetti, mais qui sont aussi ceux du patriarcat. “Gare pour le vieux monde le jour où les femmes diront : c’est assez comme cela !” prévient-elle. Au départ, ce sont bien les violences commises contre les animaux qui la choquent : “Des cruautés que l’on voit dans les campagnes commettre sur les animaux, de l’aspect horrible de leur condition, date avec ma pitié pour eux la compréhension des crimes de la force.” (Jérôme Segal “Animal radical, histoire et sociologie de l’anti-spécisme” repris sur le site de la revue l’Amorce). 

Dans une étude sur les liens entre les femmes et les mouvements de lutte pour la cause animale, la chercheuse Emily Gaarder relève que les témoignages qu’elle a recueillis auprès de militantes anti-spécistes font : “ressortir les liens suivants entre le statut des femmes et celui des animaux dans la société : l’expérience de la violence physique et sexuelle, le manque de voix ou de pouvoir politique, le fait d’être négligé ou ignoré, le fait d’être contrôlé et le fait d’être considéré comme un objet ou un bien” (Women and the Animal Rights Movement, Rutgers University Press, 2011, p. 48). 

Aussi, il n’est pas surprenant que les femmes, et les féministes tout particulièrement, aient grandement œuvré en faveur de l’évolution du statut politique et juridique de l’animal… Encore une fois, et même si je sais que je parle à des convaincu·es, le féminisme fait avancer la société ! 

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