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Non Monsieur Retailleau, la France n’est pas un pays attractif… 

Depuis des décennies, nos responsables politiques stigmatisent les non nationaux et refusent de faire face à leurs obligations internationales.

Léa Chamboncel

25 oct.

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Non Monsieur Retailleau, la France n’est pas un pays attractif… 

Depuis des décennies, nos responsables politiques stigmatisent les non nationaux et refusent de faire face à leurs obligations internationales.

Léa Chamboncel

25 oct.

Bruno Retailleau a récemment dit qu’il souhaitait que la France soit “un pays moins attractif” pour les personnes migrantes. Mais de quoi parle-t-on ? Quel est ce “pays attractif” ? Ce “pays attractif” c’est ce pays où des femmes, des hommes, des enfants sont harcelé·es au quotidien par la police. C’est ce pays où des femmes, des hommes et des enfants meurent quotidiennement dans les mers dans lesquelles nous nous baignons chaque été. Ce “pays attractif”, c’est aussi celui où l’extrême droite murmure à l’oreille de l’exécutif, à tel point que le ministre de l’Intérieur est en devenu le porte-parole au sein d’un gouvernement qui s’autoproclame “d’union nationale”. 

Depuis des décennies, nos responsables politiques stigmatisent les non nationaux et refusent de faire face à leurs obligations internationales, aux conséquences de leurs agissements, sans parler de leur “devoir d’humanité” auquel iels font référence de manière totalement hypocrite. Du “On ne peut pas accueillir toute la misère du monde” lancé par un Michel Rocard sur un plateau télévision à une heure de grande audience, à un “qu’ils rentrent chez eux” régulièrement scandé par des député·es RN, voici la réalité de notre classe politique. Ajoutons à ça : un ministre de l’Intérieur qui est en train de préparer un projet de loi qui prévoit de durcir les textes pour faciliter les expulsions et une Union européenne qui refuse de coopérer pour apporter une réponse satisfaisante en matière d’accueil et vous avez tous les ingrédients pour une “politique migratoire” que l’on pourrait qualifier d’inhumaine. 

À la veille de l’examen d’un énième projet de loi dit “immigration”, il y en a eu près d’une douzaine de lois votées sur ce sujet depuis 2003, nous devons nous poser les vraies questions : pourquoi notre classe politique est aussi rétive à l’accueil des nouveaux et nouvelles arrivantes ? Quel est le rôle des médias dans cette impasse ? Que faire pour aider les associations ? Quels seraient les contours d’une politique migratoire juste qui assure la sécurité de toutes et tous ? Que faire pour éviter la mort de milliers de personnes chaque année ? 

Il est urgent de recentrer le débat sur l’essentiel : sauver des vies et permettre à celleux qui le souhaitent d’accéder à une vie meilleure. Car nous le savons, le flux de personnes en situation de déplacement n’est pas près de se tarir et il nous revient de leur réserver un accueil digne. Il apparaît également essentiel de sortir de la stigmatisation constante des personnes en exil et il faut, pour se faire, contrecarrer le discours dominant qui ne repose sur aucun fait tangible. Mais il faut aussi s’assurer que les responsables politiques cessent de faire des personnes en situation de migration des boucs-émissaires, leur permettant ainsi de camoufler les échecs de leurs actions. À ce sujet, la responsabilité des médias est centrale car il n’est pas possible de laisser des personnalités politiques en totale roue libre xénophobe sans les interrompre ou fact checker leur propos. Typiquement, il ne faut pas hésiter à rappeler à Bruno Retailleau que chaque année de nombreuses personnes, femmes et enfants compris, sont violenté·es par les services de police lorsque celui-ci affirme que l’on vit dans un “pays attractif”... 

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