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Grande cause cherche vrais moyens 

Les associations spécialisées alertent les pouvoirs publics depuis des décennies : il faut beaucoup, beaucoup plus de moyens financiers pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Et malgré les travaux chiffrés, les tribunes, les interpellations, les manifestations, etc. les moyens demeurent insuffisants. 

Léa Chamboncel

28 nov.

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Grande cause cherche vrais moyens 

Les associations spécialisées alertent les pouvoirs publics depuis des décennies : il faut beaucoup, beaucoup plus de moyens financiers pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Et malgré les travaux chiffrés, les tribunes, les interpellations, les manifestations, etc. les moyens demeurent insuffisants. 

Léa Chamboncel

28 nov.

Alors que le scénario d’un recours au 49.3 sur les textes budgétaires se précise et que le vote d’une motion de censure est de plus en plus plausible, les inquiétudes des associations féministes augmentent. Et pour cause, outre l’incertitude qui règne sur l’adoption du budget de l’État, d’année en année les moyens des associations de lutte contre les violences sexuelles et sexistes n’augmentent pas suffisamment alors que leurs activités et dépenses ne cessent de croître. Les violences ne reculent pas et les droits des femmes et des personnes LGBTQIA+ sont toujours plus menacés par l’avancée de l’extrême droite et les attaques réactionnaires à l'œuvre dans nos institutions. 

Face à cette situation les associations spécialisées alertent les pouvoirs publics depuis des décennies : il faut beaucoup, beaucoup plus de moyens financiers pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Et malgré les travaux chiffrés, les tribunes, les interpellations, les manifestations, etc. les moyens demeurent insuffisants. Nous ne sommes pas les premières à dénoncer l’hypocrisie du gouvernement et du président de la République en la matière, mais il ne faut pas non plus que nous soyons les dernières car la situation ne cesse de s’empirer pour les associations alors que les violences ne reculent pas. 

Dans le projet de loi de finances pour 2025, le gouvernement a prévu d’augmenter les crédits du secrétariat d’État de la “grande cause du quinquennat” de 10% afin de passer de 77,4 millions d’euros en 2024 à 85,11 millions en 2025. À cela s’ajoutent d’autres enveloppes, réparties dans différents ministères, tant et si bien qu’entre les différents programmes, le budget consacré à la lutte contre les violences est estimé à 250 millions d’euros. 

De quoi se plaint-on allez-vous me dire ? Déjà, ce budget est bien en dessous de ce que préconise la Fondation des femmes pour lutter contre les violences, à savoir 2,6 milliards d’euros. Ensuite, les dépenses des associations explosent : elles doivent répondre à de plus en plus de demandes, elles se voient confier de nouvelles missions et dispositifs (comme la gestion des téléphones grave danger), leurs coûts de fonctionnement - comme la majeur partie des structures - augmentent… Et ces éléments là sont rarement pris en compte par les pouvoirs publics qui sont davantage concentrés sur leurs éléments de langage et leur communication.  

Plus récemment, certaines associations ont alerté les élu·es et le gouvernement sur le poids financier supplémentaire qu’elles vont devoir assumer suite à l’extension de la “prime Ségur” pour leurs salarié·es. Bien que ce soit une mesure qu’elles ont porté, les associations sont aujourd’hui très inquiètes car le gouvernement n’a annoncé aucune compensation financière pour les aider à payer cette prime. Or, certaines structures, déjà soumises à des contraintes budgétaires importantes, ne vont pas pouvoir assurer cette charge supplémentaire et le risque est de les voir réduire leur masse salariale, voire de devoir mettre la clef sous la porte… 

Interpellé sur la nécessité de mettre en place une loi cadre, réclamée par de nombreuses associations et militantes, et l’augmentation du budget consacré à la lutte contre les violences sexuelles et sexiste, lors des questions au gouvernement mardi dernier, le gouvernement a jugé que ce n’était pas prioritaire : “Même si l’objectif d’une loi-cadre est louable, avant d’envisager une nouvelle loi, il nous semble prioritaire de consolider la mise en œuvre des dernières qui ont été votées, huit je le rappelle”, a déclaré le ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Étonnant comme argument quand l’on voit qu’en matière d’immigration le gouvernement est prêt à dégainer une loi tous les quatre matins… 

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