Dans un rapport du Forum économique mondial sur les inégalités de genre, datant de 2018, le Japon était classé 110ème sur 149. La France quant à elle arrivait 12ème. Lorsque l’on évoque le Japon, l’un des clichés les plus tenaces réside dans cette phrase que l’on retrouve dans presque tous les guides touristiques et autres articles : « Le Japon, entre tradition et modernité ». Telle est la réputation du Japon, un pays ultra moderne, une locomotive économique mais aussi une société marquée par le respect des anciens et une Histoire secrète et mystérieuse, d’autant qu’avant l’ère Meiji (1868-1912), le Japon vivait replié sur lui-même, ses frontières fermées aux étrangers et influences étrangères.
Cliché ou pas, il est évident que cette fameuse tradition joue un rôle majeur dans les inégalités de genre au Japon. Les rapports entre les femmes et les hommes au Japon repose sur une répartition des rôles extrêmement forte. Aux hommes, l’obligation de travailler pour ramener de l’argent dans le foyer. Aux femmes celui de tenir la maison, d’élever les enfants et de s’occuper des parents âgés. Et il est vrai que l’image de la femme japonaise reste celle d’une femme discrète et soumise, et surtout satisfaite du rôle que la société lui a désigné. Encore maintenant cette répartition reste tenace et place les femmes et les couples dans des situations difficiles, d’autant plus qu’elle est profondément ancrée dans l’éducation et rend alors difficile toute remise en cause du sexisme. Pendant longtemps, alors que les débats féministes enflammaient les pays d’Europe et les Etats-Unis, le sujet existait peu au Japon. Les femmes elles-mêmes avaient du mal à remettre en cause cet état de fait.
C’est dans le monde du travail que les inégalités sont les plus violentes et les plus difficiles. En effet, si 70% des femmes japonaises travaillent, près de 50% cessent toute activité à la naissance de leur premier enfant. La pression sociale est si forte que nombre de femmes préfèrent démissionner et reprendre une activité une fois les enfants devenus grands. Cela a donc un énorme impact sur leur carrière et alors même que le Japon est un pays extrêmement industrialisé, les femmes sont seulement 13% à occuper des postes à responsabilité. Certains secteurs comme la médecine, l’automobile et l’industrie sont presque exclusivement masculins.