La première catégorie regroupe les "Men’s right activist"
Les "anciens" des masculinistes, les MRA critiquent une société gynocentrée et entendent bien reprendre aux femmes les droits qu’elles leurs ont volés. Dans des vidéos Youtube et autres podcasts, ils traquent les soi-disant privilèges des femmes. Leurs revendications sont assez diffuses, mais on y retrouve des groupes d’activistes pour les droits des pères qui critiquent des jugements qu’ils estiment plus favorables aux mères.
Viennent ensuite les Incels
Les plus connus des masculinistes, leurs revendications se portent sur les questions de séduction et de sexualité. Ils détestent les femmes qui ne seraient tournées que vers les "Chad", c’est-à-dire des hommes très séduisants, les laissant croupir dans leur misère sexuelle. Connus pour leur violence, ils sont bannis des communautés, disons plus acceptables, et leurs forums sont coutumiers des appels au viol, propos racistes, complotistes et ainsi de suite…
Puis les Passport Bro
Cousin de l’Incel, le "Passport Bro" s’en prend particulièrement aux femmes occidentales qu’ils jugent plus difficiles et trop indépendantes et éloignées des valeurs familiales. Le terme voit le jour en 2011, lors de la sortie d’un docu très controversé qui racontait les voyages au Brésil d’hommes afro-américains venus au Brésil trouver des femmes plus "faciles". La Thaïlande, les Philippines et la Colombie, sont dans le trio de tête des destinations prisées de "Passport Bro".
Et encore les Lookmaxxers
Le Lookmaxxers pourrait être considéré comme l’Incel qui se reprend en main, se relooke et mise tout sur son physique. A mi-chemin entre l’influencing et le développement personnel, les forum lookmaxxers regorgent de conseils pour devenir un "Chad" dont toutes les femmes vont tomber amoureux. Les relations y sont violentes et le harcèlement fréquent.
Sinon les “Men going their own way”
Ceux-là ont choisi une option plus radicale et ont décidé de renoncer aux femmes et aux relations hétérosexuelles, parfois même à la masturbation (le mouvement "no fap"). Mais ce lesbianisme politique à la sauce mascu est loin d’être un simple renoncement aux choses de la chair et leurs discours sont si misogynes que, tels les Incels, ils sont obligés de se regrouper entre eux, et d’avoir leurs propres forums et espaces de discussion.
Les "pick-up artist" pourraient être considérés comme des virtuoses du harcèlement de rue. Leur spécialité, dispenser des conseils de drague afin que n’importe quel homme devienne un as de la séduction et que plus aucune femme ne résiste à leur charme. Totalement étrangers aux notions de harcèlement, de drague lourde et de sens du timing, ils se déploient en une myriade de coachs en séduction et autres gourous du développement perso de la drague, générant une "pognon de dingue" comme dirait l’autre.
L’entrepreneur viriliste appartient à la même famille que le "pick up artist" mais avec une petite touche capitaliste. Incarné en France par l’influenceur Alex Hitchens, sa misogynie crasse voisine avec une obsession pour l’argent et la réussite.
Et enfin les Sigmas, plus une tendance tiktok qu’une vraie communauté, ils n’en sont pas moins inquiétants puisqu’ils se revendiquent du héros de American Psycho et cultivent une obsession pour la domination.
Cette plongée dans l’univers masculiniste est d’autant plus effrayante que les mouvements féministes affrontent encore aujourd’hui un profond backlash. En dépit d’avancées majeures et d’une très grande présence médiatique, les résistances sont puissantes et elles s’organisent. Plus inquiétante encore, la difficulté à faire des hommes des partenaires de lutte. Sans aller jusqu’aux Incels et autres Sigmas, et si l’on peut gentiment se moquer du "performative feminist" qui lit du Mona Chollet en terrasse pour voir ses papiers féministes dûment tamponnés, il faut bien reconnaître la réticence des hommes qui peuplent nos vies, amants, amis, époux, pères, frères, collègues, à s’emparer de ses sujets, leur colère parfois face à ce qu’ils estiment être des attaques injustes et essentialistes. Sans tomber dans le piège du "not all men" et sans perdre notre radicalité, il serait peut-être nécessaire toutefois de s’interroger sur des points de discours, de se faire plus stratèges, car si nous pouvons tout à fait vivre sans les hommes, notre lutte à besoin d’eux car nous ne serons jamais assez de trop pour venir à bout du patriarcat.