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Les divas, le féminisme et le féminin…

Sous l’image d’une féminité forte, derrière leur incroyable beauté, les robes clinquantes, le maquillage, les tournées à rallonge et les shows son et lumière, se cachent des destins hors du commun et des chansons qui se font l’échos de vies parfois difficiles exorcisées avec panache.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

23 avr.

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Les divas, le féminisme et le féminin…

Sous l’image d’une féminité forte, derrière leur incroyable beauté, les robes clinquantes, le maquillage, les tournées à rallonge et les shows son et lumière, se cachent des destins hors du commun et des chansons qui se font l’échos de vies parfois difficiles exorcisées avec panache.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

23 avr.

Il existe une figure de femme, seule sur scène, toujours seule, en robe à paillettes (Dalida), accrochée à son foulard (Oum Kalthoum), cheveux au vent et robe en lamé (Aya Nakamura), auréolée de roux (Mylène Farmer), mythique sous la pluie parisienne (Céline Dion)… Figures hiératiques, à la fois si loin et si proche de nous, qui auront accompagné nos enfances, nos adolescences, les voyages en voiture, les colonies de vacances, nos moments de tristesse et nos moments de joie.

De l’Egypte au Québec, en passant par Los Angeles et Bombay, la figure de la diva tisse une toile éclatante et symbolise un patrimoine culturel au féminin fort et indéboulonnable dont l’histoire remonte bien loin, à l’époque où les femmes n’avaient pas voix et encore moins voie au chapitre. Elles ont été là, sont là et seront toujours là. Dans le monde arabe par exemple, lieu des divas par excellence, le rôle des femmes dans la musique et dans l’art, s’inscrit bien avant Oum Kalthoum et Warda. Souvent recouvertes d’une couche d’orientalisme, qui les représente en courtisanes ondulantes, les « almées » étaient en réalité des femmes savantes, maitrisant parfaitement l’art de la musique, du chant et de la danse. Au XXeme siècle, les divas, notamment égyptiennes, ont joué un rôle fondamental au cours de la « Nahda », la renaissance arabe. Ce qui fera dire à Aziza Amir « Je n’ai enfanté qu’une fille, et c’est le cinéma égyptien. »

Elles sont fondamentales aussi par ce qu’elles accompagnent non pas notre capacité à nous conformer, mais nos pas de côtés, nos rébellions, nos renoncements… Sous l’image d’une féminité forte, derrière leur incroyable beauté, les robes clinquantes, le maquillage, les tournées à rallonge et les shows son et lumière, se cachent des destins hors du commun et des chansons qui se font l’échos de vies parfois difficiles exorcisées avec panache. Dalida et ses amours malheureuses, Asmahan fauchée dans un mystérieux accident de voiture, Céline Dion qui n’a rien caché de ses difficultés à avoir des enfants, de sa maladie. Il ne s’agit pas seulement de valoriser des femmes fortes, capables de s’enrichir dans un milieu trusté par les hommes et extrêmement misogyne. La figue des divas est aussi une porte d’entrée sur le féminin, sur ce que cela représente d’être une femme, les obstacles auxquelles nous sommes confrontées génération après génération, l’obligation de faire couple, « pour ne pas vivre seul » comme le dit Dalida, la dictature de l’amour romantique, les souffrances que cela implique, le vieillissement, la maladie mentale, le dur métier de vivre, l’obsession du corps et de la beauté, le poids du male gaze…

En ce sens, elles sont l’essence même du féminisme, cette capacité à se placer à l’intersection des luttes, de rester debout, malgré les coups durs, de dénoncer, même en creux, les normes invraisemblables qui nous sont imposées, à toutes et tous, depuis notre naissance.

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