Marseille, tu l’aimes ou tu la détestes, il n’y a pas de position intermédiaire. Marseille est sauvage, atypique, bordélique, unique, indomptable. Marseille est historique, pionnière, multiculturelle, sociale. Même si elle a aussi une réputation d’insoumise et de violence, de guerre de la drogue, berceau de la French Connection ou encore d’une forte corruption. Marseille c’est un imaginaire, issue d’une histoire antique et méditerranéenne insolite. Marseille et la méditerrannée sont aussi des territoires fragiles et vulnérables, notamment au sur le plan environnemental. Considérée comme la ville la plus ancienne de France, la cité phocéenne de 26 siècles, s’est construite sur la côte méditerranéenne. Elle fut toujours une ville en extension par le commerce et la migration, au milieu d’une verdure sèche et gigantesque, d’une biodiversité riche et endémique. Il est donc très important de composer entre l’urbain et l’environnement, la mer d’un côté, la pinède et la garrigue de l’autre.
Une mauvaise réputation colle à la peau de la cité du Sud sur l’écologie : la ville est sale, elle est insalubre, les rats et les gabians prospèrent, les industries polluantes de l’étang de Berre étouffent, la plage du Prado s’appelle “épluchure beach” ou encore la pollution de l’air entre le port autonome et l’aéroport de Marignane touchent la santé des marseillais·es. En gros, la protection de l’environnement et l’écologie, on pense qu’à Marseille c’est réné. Ce n’est pas faux, mais ce n’est pas complètement vrai.
En effet, Marseille est une pionnière des luttes écologiques. Qui se souvient de la lutte menée en 1910 pour protéger la calanque de Port-Miou, contre une industrie destructrice ? La Société des excursionnistes de Marseille protesta vivement contre le projet d'exploitation du sable et de la chaux de la calanque de Port-Miou par la société chimique belge Solvay. C'est la première fois en France que des citoyen·nes se mobilisent contre un projet industriel pour protéger un environnement naturel. La lutte qui sera menée pendant des décennies avec en 1992 des manifestations d’habitant·es qui s'opposent à une tentative d'urbaniser les Calanques réclamant de protéger ce massif, ce qui interviendra enfin en 2013 avec la création du le Parc National des Calanques ; ou encore le combat contre le déversement des boues rouges, poison écologique, qui sera interdit totalement en 2023 après 40 ans de contestations.
Créée en 1912 par des ornithologues de la Société d'acclimatation, celle-ci se voit confier par des saliniers en 1927 toute la partie centrale de la Camargue afin d'en étudier et d'en protéger la faune et la flore. Le début du XXe siècle voit également apparaître de premières actions pour la défense de la nature initiées par la société civile. En 1906, le député Charles Beauquier fait voter la première loi de protection de l'environnement, qui préfigure celle de 1930. La mer Méditerranée est l’un des 10 “hotspots” de biodiversité de la planète. Elle abrite environ 10 % des espèces répertoriées mondialement alors qu’elle ne représente qu’1 % de la surface globale des océans. Elle comprend des habitats remarquables (les fameux herbiers de posidonie, fonds coralligènes, grottes, canyons, etc.) accueillant plus de 17 000 espèces comme le grand dauphin, la tortue caouanne, la grande nacre ou le corb. Afin de préserver ce patrimoine exceptionnel, 30 aires marines protégées ont été créées. Elles occupent et couvrent l’ensemble de la façade littorale de la Région Sud. L’archipel de Riou couvre près de 160 hectares sur les eaux face au massif des Calanques. Il se compose de plusieurs îles, dont la plupart sont interdites aux humain·es ; c'est le seul archipel protéger ainsi en France. Enfin, l’université de Marseille a accueilli dès 1994 le premier cursus d’ingénierie université professionnelle dédié à la protection de l’environnement (IUP Dentes, mon diplôme bébé).