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Ceci n’est pas du terrorisme

Avant d’en arriver à des actions considérées comme du sabotage, il y a eu des centaines de marches climatiques pacifistes dans le monde inspirées par Greta Thunberg. Celles-ci sont restées lettre morte auprès des gouvernements.

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

01 avr.

person holding The Climate is Changing signage
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Ceci n’est pas du terrorisme

Avant d’en arriver à des actions considérées comme du sabotage, il y a eu des centaines de marches climatiques pacifistes dans le monde inspirées par Greta Thunberg. Celles-ci sont restées lettre morte auprès des gouvernements.

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

01 avr.

La désobéissance civile environnementale s’inscrit dans une longue histoire qui semble inconnue à Gérald Darmanin. En effet, celui-ci a remis au goût du jour le terme “écoterrorisme”, relayé par les médias comme une nouveauté.

Pourtant, on peut fixer la naissance de l’écoterrorisme vers le milieu des années 1960 en Angleterre, avec des groupes activistes opposés à la chasse. Le groupe le plus connu est probablement le Hunt Saboteurs Association (HSA) fondé par John Prestige à Brixham en Angleterre. Ce groupe avait essentiellement pour objectif de nuire aux chasseurs en utilisant des sifflets pour faire fuir les animaux, laissant de fausses pistes, installant des clôtures, etc. Tout cela, dans l’objectif de nuire aux chasseurs.

En France, de 1971 à 1981, l’extension d’un camp militaire sur le causse du Larzac fut à l’origine d’un énorme mouvement de désobéissance civile non violente. Entre 60 000 et 100 000 personnes de différents courants convergèrent vers le Larzac pour soutenir les paysan·e·s et former un mouvement hétéroclite. Plusieurs actions seront retenues durant cette décennie de lutte comme les 22 militant·e·s et paysan·e·s qui se sont infiltré·e·s dans le camp militaire pour y détruire 500 dossiers relatifs à l'enquête parcellaire avant expropriation. Ou encore, en riposte à la signature des arrêtés d’expropriation des terrains, 150 tracteurs agricoles et 5000 personnes vont labourer les terrains de l’armée. José Bové s’inspira du Larzac 10 plus tard lorsqu’il lança des fauchages de champs de maïs OGM,  détruisit des stocks de semences génétiquement modifiées ou encore pris part au démontage d’un Mac Donald, symbole de la malbouffe et du capitalisme.

Le Larzac sera aussi un symbole féministe lorsque le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la cotraception (MLAC) prit part à la résitance en 1974. Le liberté sexuelle s’installe sur le plateau. Cette convergence fut un des premiers pas de la démonstration que les luttes environnementales et féministes sont communes. L’écoféminisme fera son émergence.

Françoise d’Eaubonne fut une des pionnières de l’écoféminisme, mais aussi de la désobéissance civile environnementale. En 1975, elle a participé au dynamitage de la pompe du circuit hydraulique de la centrale de Fessenheim, en Alsace, alors en construction, retardant ainsi de plusieurs mois sa mise en route. Bien que l’action ait alors été anonyme, le texte de revendication rappelait « que les femmes sont à l’avant-garde du refus du nucléaire qui n’est autre que le dernier mot de cette société bâtie sans elles et contre elles ». Elle fut également une des manifestantes les plus actives contre l'enfouissement des déchets nucléaires à Bure.On peut inclure dans ce mouvement écoféministe, la "justice environnementale".

Comme pour les luttes environnementales, les luttes féministes furent à la pointe de la désobéissance civile. Si on remonte à l’époque de la lutte pour le droit de vote des femmes, les militantes désignées sous le nom de « suffragettes », optèrent pour de nouvelles formes d’action, parfois violentes et illégales (incendies volontaires, bris de vitre, grèves de la faim, etc.). Presque 100 ans plus tard, les Femens ou les colleuses seront aussi considérées comme des militantes féministes radicales…LOL.  

Aujourd’hui, cette supposée radicalisation environnementale se crispe autour d’Extinction Rebellion ou Dernière Rénovation. Le sitting à Sainte Soline a été la goutte d’eau pour la classe politique de droite. Avant d’en arriver à des actions considérées comme du sabotage, il y a eu des centaines de marches climatiques pacifistes dans le monde inspirées par Greta Thunberg. Celles-ci sont restées lettre morte auprès des gouvernements. Alors, puisqu’il y a situation d’urgence, notamment lorsque l’on aborde la question des changements climatiques, il est donc nécessaire de procéder à des actions drastiques pour changer les pratiques environnementales actuelles. Mais on reste bien loin des actions citées précédement. Des vitres d'œuvres d’art reçoivent de la soupe, des banderoles sont accrochées sur les devantures des grandes entreprises pétrolières, des mains sont collées sur des périphériques ou encore un menottage à un filet de tennis lors du dernier Roland Garros. Le but de ces organisations restent plus de l’ordre d’attirer l’attention plutôt que d’utiliser la violence.

L’écoterrorisme exploite généralement des techniques visant principalement à détruire des biens. Il n’y a jamais eu de victimes humaines, comme pour les actions féministes. À l’inverse, on ne peut pas en dire autant de la répression des activistes. Rémi Fraisse, botaniste de 21 ans, succomba à l'explosion d'une grenade tirée par un gendarme lorsqu’il s’opposait au barrage de Sivens, est la parfaite illustration. Tout comme la mort de centaines de femmes iraniennes qui se battent pour leurs droits les plus essentiels.

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