La désobéissance civile environnementale s’inscrit dans une longue histoire qui semble inconnue à Gérald Darmanin. En effet, celui-ci a remis au goût du jour le terme “écoterrorisme”, relayé par les médias comme une nouveauté.
Pourtant, on peut fixer la naissance de l’écoterrorisme vers le milieu des années 1960 en Angleterre, avec des groupes activistes opposés à la chasse. Le groupe le plus connu est probablement le Hunt Saboteurs Association (HSA) fondé par John Prestige à Brixham en Angleterre. Ce groupe avait essentiellement pour objectif de nuire aux chasseurs en utilisant des sifflets pour faire fuir les animaux, laissant de fausses pistes, installant des clôtures, etc. Tout cela, dans l’objectif de nuire aux chasseurs.
En France, de 1971 à 1981, l’extension d’un camp militaire sur le causse du Larzac fut à l’origine d’un énorme mouvement de désobéissance civile non violente. Entre 60 000 et 100 000 personnes de différents courants convergèrent vers le Larzac pour soutenir les paysan·e·s et former un mouvement hétéroclite. Plusieurs actions seront retenues durant cette décennie de lutte comme les 22 militant·e·s et paysan·e·s qui se sont infiltré·e·s dans le camp militaire pour y détruire 500 dossiers relatifs à l'enquête parcellaire avant expropriation. Ou encore, en riposte à la signature des arrêtés d’expropriation des terrains, 150 tracteurs agricoles et 5000 personnes vont labourer les terrains de l’armée. José Bové s’inspira du Larzac 10 plus tard lorsqu’il lança des fauchages de champs de maïs OGM, détruisit des stocks de semences génétiquement modifiées ou encore pris part au démontage d’un Mac Donald, symbole de la malbouffe et du capitalisme.
Le Larzac sera aussi un symbole féministe lorsque le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la cotraception (MLAC) prit part à la résitance en 1974. Le liberté sexuelle s’installe sur le plateau. Cette convergence fut un des premiers pas de la démonstration que les luttes environnementales et féministes sont communes. L’écoféminisme fera son émergence.
Françoise d’Eaubonne fut une des pionnières de l’écoféminisme, mais aussi de la désobéissance civile environnementale. En 1975, elle a participé au dynamitage de la pompe du circuit hydraulique de la centrale de Fessenheim, en Alsace, alors en construction, retardant ainsi de plusieurs mois sa mise en route. Bien que l’action ait alors été anonyme, le texte de revendication rappelait « que les femmes sont à l’avant-garde du refus du nucléaire qui n’est autre que le dernier mot de cette société bâtie sans elles et contre elles ». Elle fut également une des manifestantes les plus actives contre l'enfouissement des déchets nucléaires à Bure.On peut inclure dans ce mouvement écoféministe, la "justice environnementale".
Comme pour les luttes environnementales, les luttes féministes furent à la pointe de la désobéissance civile. Si on remonte à l’époque de la lutte pour le droit de vote des femmes, les militantes désignées sous le nom de « suffragettes », optèrent pour de nouvelles formes d’action, parfois violentes et illégales (incendies volontaires, bris de vitre, grèves de la faim, etc.). Presque 100 ans plus tard, les Femens ou les colleuses seront aussi considérées comme des militantes féministes radicales…LOL.