Tu es né le 21 décembre 1977 à Amiens, tu as fait une grande école, tu as été banquier, secrétaire général de l’Elysée et ministre de l’économie. Tu ne te revendiques d’aucun parti politique, d’aucune idéologie, tu prétends vouloir dépasser les clivages pour gouverner de manière pragmatique et prendre les meilleures décisions pour la France. Beaucoup y croient, beaucoup pensent que tu es peut-être la personne qui va leur permettre de changer leur quotidien. Tu parles avec des mots “modernes”, tu n’hésites pas à emprunter au vocabulaire des entreprises de la tech, tu veux “disrupter”, faire de la France une “start up nation”, etc. Tu veux réconcilier la société civile et le monde politique, d’ailleurs tu le promets, tu vas profondément changer la classe politique française en composant un gouvernement majoritairement “issu de la société civile”. Certain·es pensent que, grâce à toi, la classe politique française va profondément changer et qu’enfin, iels seront représenté·es par des personnes qui comprennent leur réalité. Tu promets de lutter contre les extrêmes, de réduire les inégalités, de moderniser notre démocratie. Tu parles bien, tu as les cheveux bien coiffés, t’as plutôt la gueule du gendre idéal, comme on dit. Certain·es sont séduit·es par ton projet politique, qui reste pourtant profondément creux et relativement peu innovant, au point que tu te retrouves soutenu par tout un tas d’ancien·nes des partis traditionnels (à droite comme à gauche) et par des personnes qui n’auraient jamais imaginé “faire de la politique”. Tu as 39 ans, tu t’appelles Emmanuel Macron et tu viens d’être élu président de la République française.
Au fur et à mesure de ton “règne”, les déçu·es vont te désavouer et les opportunistes te rejoindre, tant et si bien qu’aujourd’hui tu es entouré de personnalités politiques qui ne rêvent que de te remplacer et que tu ne peux faire confiance à personne. Tu avais promis de gouverner différemment, de casser les codes mais tout ce que tu fais c’est t'enfermer dans une verticalité de plus en plus radicale. Tu avais promis de protéger, notamment les plus précaires, mais tu les accables en les rendant encore plus pauvres et en les stigmatisant. Tu as fait de l’égalité femmes hommes et de la lutte contre les violences ta “grande cause”, mais tu défends les agresseurs.