L’histoire des luttes environnementales n’est pas aussi récente qu’on ne le pense. Les premières recensées datent de la fin du 19ème siècle. Mais leurs existences n’étaient connues seulement des historien·nes ou des spécialistes de l’environnement. De même, les luttes pour la protection de la nature ou contre les pollutions sont présentes aux quatre coins du globe, même dans les zones les plus reculées. Mais là encore, leurs mises en lumière sont assez récentes et se limitent aux médias traditionnels comme la presse, la radio et surtout la télévision.
Cependant, plus que la mondialisation, c’est internet qui a permis de changer la donne, et plus particulièrement depuis la moitié des années 2000 avec la massification de l’utilisation du web dans les foyers du monde entier. Cette accélération de la diffusion a encore progressé avec l’émergence des réseaux sociaux. En effet, Internet a rendu possible le partage d’information hors des organes de presse ou de la communication étatique, notamment entre les associations, les ONG, les militant·es écologistes ou tout simplement des peuples en général. Le filtre de la censure n’existe plus sur ces luttes et les impacts sur les populations qui ont souvent été silenciés, cachés par les États ou les industries. Il y a alors la production d’un discours contre-hégémonique diffusé sans intermédiaire. Les dispositifs de communication numérique servent de scène d’apparition aux acteurices qui assurent la visibilité de leur cause, telle qu’iels souhaitent la présenter. L’échange politique sur la toile se caractérise en effet par une transformation des règles de l’accès à l’espace public qui fait que la production de contenus n’est plus réservée à certaines catégories d’acteurices, à l’instar des journalistes, mais est désormais ouverte à toustes.
On parle alors de “médiactivisme” ou de cybermilitantisme qui correspond à l’utilisation des capacités du numérique comme la diffusion rapide d’informations, l’organisation de mouvements liés à une idéologie ou des faits, le bénéfice de failles de sécurités pour toucher la présence en ligne d’institutions.
Internet a donc aussi permis une nouvelle forme de mobilisation et d’organisation des militant·es dans leurs luttes. Tout d’abord par des forums qui étaient à l’époque les principaux vecteurs, mais l’émergence des réseaux sociaux a accéléré cette mutation de l’organisation et la gouvernance. Grâce aux groupes Facebook par exemple, des mobilisations se sont organisées autour de ZAD ou de manifestations. Les problèmes environnementaux sont diffusés de personne à personne en direct, malgré l’éloignement, souvent autour d’un hashtag ou d’une topic trend. Alors, en donnant du poids politique au “bruit” qui entoure les controverses, Internet transforme les mobilisations citoyennes et devient un nouvel indicateur de mobilisation et d’engagement. Le fonctionnement traditionnel de la démocratie est mis à l’épreuve. Les logiques d’agrégation par le vote et la représentation perdent une partie de leur influence au profit de nouvelles formes de regroupements, plus affinitaires, qui cherchent à peser dans le débat depuis les marges. Dans cette perspective, les mouvements environnementaux ont l’opportunité d’être directement représentés dans l’espace public et de venir influencer l’opinion sur certains sujets.