Le paon bleu, oiseau majestueux, déroule sa traîne de plumes pour former une roue imposante. Ce galliforme bien connu est l’exemple des panoplies que sortent les mâles pour séduire ou intimider les femelles. Leurs atouts de beauté sont bien plus connus que ceux des femelles : crinière, couleur, robe, taille, ramage, nageoire, pelage, cri… Plus présents dans l’imaginaire collectif, les mâles du monde animal sont plus couramment identifiables que les femelles. Qui pourrait décrire le plumage de la partenaire du colvert ? Ou la forme de la dulcinée du cerf ? Pourtant, sans ces partenaires de l’ombre, les mâles ne pourraient pas survivre, voir garder leur place dans le système reproductif.
Le monde est stéréotypé sous hégémonie masculine, même si souvent les femelles y dominent et y déterminent la hiérarchie, seules ou en groupe. Le lion, par exemple, est bien loin de l’image du roi de la savane. Les femelles chassent ensemble et sont beaucoup plus actives que les mâles. Elles sont d’ailleurs les premières à déguster leur butin de chasse, leurs restes étant redistribués dans le groupe. Ce sont elles les reines. Les femelles bonobos, représentent l’alliance au féminin par excellence, avec une capacité de coalition si forte qu’elles soumettent les mâles. Lorsque cette alliance s’organise dans un contexte de conflit comme deux femelles combattant deux mâles, les femelles gagnent toujours. Elles s’imposent donc en tant que médiatrices de paix dans leur tribu. Par ailleurs, des recherches supposent que les femelles bonobos sélectionnent des mâles moins agressifs depuis des millénaires. Un moyen qui leur aurait permis de contrôler l’évolution de leur espèce. Chez les abeilles, les femelles sont omniprésentes. La reine des abeilles est la seule femelle fertile de toute la ruche et pendant les mois d’été, elle produit jusqu’à 1500 œufs par jour. La hiérarchie de la ruche et sa survie est organisée autour des abeilles ouvrières, tandis que les mâles ou faux bourdons n’ont qu’une seule tâche : fertiliser les œufs de la reine et une fois cette mission réussie, ils meurent silencieusement. Les groupes d’orques s’organisent autour des femelles qui vivent beaucoup plus longtemps que les mâles et sont responsables de leur progéniture et même de leurs petits-enfants. C’est d’ailleurs l’un des rares animaux ménopausés. Plus elles sont âgées, mieux elles savent où trouver de la nourriture. Quant aux chauves-souris, elles vivent dans des colonies matriarcales. En été, les mères et leurs filles se réunissent dans des maternités rassemblées en colonies, séparées des mâles. Ensemble, les femelles se rendent vers un autre lieu de résidence comme des zones abandonnées de bâtiments, des arbres creux, des grottes, etc. Ainsi, hors de la reproduction, les chauves-souris femelles se passent des mâles. Les exemples ne manquent pas et chez certaines espèces, des adaptations se sont même faites pour se défendre de la domination des mâles. Les hyènes n’acceptent aucune reproduction sans le consentement des femelles ou les canes évitent toute intimité non désirée grâce à leur vagin doté d’un dispositif spécifique en forme de spirale empêchant toute pénétration.