En 2023, l’Union Européenne s’est prononcée pour l’interdiction des polluants dits “éternels”. Ceux-ci correspondent à des composés perfluoroalkylés et polyfluoroalkylés appelés PFAS et considérés comme “les poisons du siècle”. On retrouve ces molécules dans les objets du quotidien (poêles en Teflon, papier cuisson, emballages alimentaires, textiles, cosmétiques…) et dans les applications industrielles (mousse anti-incendie, peintures, pesticides, …). Les PFAS peuvent entraîner des problèmes de santé tels que des lésions hépatiques, des maladies thyroïdiennes, de l'obésité, des problèmes de fertilité et des cancers. Ces “polluants éternels” ont contaminé tous les milieux (eau, air, sol) et l’ensemble de la chaîne alimentaire. Les chiffres font peur : l’ensemble de la population européenne est contaminé par les PFAS dont les enfants, dès leur naissance ; il n’existe pas de système métabolique qui ne soit pas affecté par ces polluants. Malheureusement, les PFAS ne sont pas les seuls à mettre les enfants en danger ; le spectre des pollutions environnementales entraînant des maladies graves est très étendu.
Une idée préconçue voudrait que ce soit les enfants vivant dans les grandes villes les plus exposés aux risques de pollution. L’exemple le plus courant est celui de l’air extérieur. En effet, en France, il y a environ 48 000 décès liés à la pollution de l’air, soit la troisième cause de mortalité après l’alcool et le tabac. Chez les enfants, les conséquences de la pollution atmosphérique sont l’augmentation des naissances prématurées, de l’asthme ou encore, de façon importante, celle des bronchiolites ou cancer du poumon. Une étude récente de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques en santé publique et sociale) démontre que les enfants les plus défavorisés sont plus touchés parce qu'ils vivent plus souvent au sein des aires d'attraction économiques des villes (et donc des industries ou usines) et dans les communes les plus polluées.
Une pollution de l’air qui touche tous les enfants sans distinction géographique est celle de l’air intérieur, il peut être jusqu’à 8 fois plus pollué que l’air extérieur. Les sources de pollution dans les logements sont nombreuses : tabagisme, moisissures, matériaux de construction, meubles, acariens, produits d’entretien, peintures... De par leur petite taille, les enfants sont plus près du sol, là où s’accumulent les polluants. Leur rythme de respiration est 2 fois plus soutenu que celui des adultes et ils respirent une plus grande quantité d’air relativement à leur taille. Cette pollution entraîne des problèmes respiratoires : respiration sifflante, rhinites, asthme, irritation de la gorge, congestion nasale, toux sèche mais aussi de l’eczéma, dermatite, conjonctivite, irritation de la peau et des yeux. La pollution de l’air intérieur impacte également les performances scolaires car elle réduit les capacités de concentration et de mémorisation. La performance cognitive réduite, les difficultés à dormir s’accumulent, le cerveau est mal oxygéné ; les enfants sont plus fatigués et peuvent même souffrir de maux de tête. Mais là encore, il ne faut pas penser que cela se passe principalement dans le foyer, en dehors du logement familial, c’est l’école qui présente le plus gros risque d’exposition à la pollution de l’air intérieur : les enfants passent plus de 40% de leur temps en classe. Les chiffres sont effarants : 3 écoles sur 4 ne sont pas équipées de ventilation mécanique, environ 10 % des écoles présentent au moins un élément dégradé avec une concentration de plomb supérieure à 1 mg/cm² qui dépasse le seuil réglementaire, les écoles les plus anciennes dépassent le seuil d’insalubrité ou les cours goudronnées qui augmentent les îlots de chaleurs et donc les inhalations goudronnées. Là encore, les enfants vivant dans des familles précaires sont plus exposés à cette pollution à cause d’habiter dans des logements plus prompts à une mauvaise aération et isolation et donc à la moisissure ou aux produits toxiques. Ils fréquentent aussi des écoles plus dégradées. Alors, en plus du risque sanitaire, la pollution de l’air devient un facteur de réussite scolaire.