Le Pays Basque, pour les étranger·es, ou Euskal Herria, pour les locales et locaux, ne peut pas se résumer à un imaginaire côtier au littoral impressionnant, terrain de jeu des surfeur·es, à des paysages rocheux mystérieux, à la culture de la fête, du rugby ou encore à son jambon. Faire ce raccourci serait aussi sot, qu’irrespectueux, quand on sait la complexité de l’Euskadi.
La complexité passe par sa géographie. Environnement inhospitalier et isolé pendant des millénaires, dont cette isolation a été déterminante dans sa construction, Le Pays Basque s’étend sur 20 500 km2 et compte trois millions d'habitant·es. Ce territoire est composé de trois entités politiques distinctes : deux communautés autonomes espagnoles (la communauté autonome du Pays Basque et la Navarre) et une portion du département français des Pyrénées-Atlantiques : le Pays Basque Nord, représenté par la communauté d'agglomération du Pays Basque depuis janvier 2017.
Empire romain, annexion de la Navarre ou encore régime franquiste, n’ont pas réussi à assécher son ADN d’indépendance revendiquée depuis des siècles. L’histoire du peuple basque est empreinte de mystère sur son origine, de fierté, de lutte acharnée mais aussi d'oppression. Sous Henri IV déjà, le territoire faisait l’objet de violentes répressions, notamment lors de l'inquisition où d’importants procès en sorcellerie ont eu lieu dans la région, de jugements, de tortures physiques et psychologiques irrépressibles et de condamnations, vont causer un long traumatisme au sein de la population et assurer pour l’éternité, la réputation des pseudo-sorcières Basques.
En 1936, les républicains espagnols actent de l’autonomie du Pays Basque, mais Franco attaque l’Euskadie en 1937 (avec, notamment, le bombardement de Guernica qui a fait de nombreuses victimes). Le gouvernement autonome s'exile alors à Bayonne lorsque Bilbao est prise en juin 1937 et de nombreux·ses exilé·es rejoignent la partie française du Pays Basque. Durant la dictature de Franco, qui va durer plusieurs décennies, toute forme d’expression Basque est formellement interdite. La torture, les menaces, et les violences deviennent alors le lot quotidien des indépendantistes.