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Le savoir est une arme politique

Il ne faut laisser passer aucune attaque contre la liberté et l’indépendance de la presse ni aucune menace contre les journalistes. 

Léa Chamboncel

17 oct.

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Le savoir est une arme politique

Il ne faut laisser passer aucune attaque contre la liberté et l’indépendance de la presse ni aucune menace contre les journalistes. 

Léa Chamboncel

17 oct.

C’est l’un des nombreux enseignements que l’on peut tirer de la prolifique œuvre de bell hooks. Ce savoir peut s’acquérir de différentes manières et la presse et les médias jouent un rôle fondamental dans sa diffusion. Ce rôle de diffusion du savoir et de l’information est parfois mis à mal. Il peut-être mis à mal par l’État, comme nous le rappelle la récente garde à vue de la journaliste Ariane Lavrilleux, mais également par d’autres entités comme les réseaux sociaux qui peuvent invisibiliser certaines informations au profit d’autres, parfois grâce à ce que l’on appelle des contenus sponsorisés (des contenus mis en avant moyennant paiement). Et il y a les journalistes qui sont assassiné·es pendant des conflits armés, qui sont assassiné·es parce qu’iels représentent “une menace” pour certains gouvernements, etc. 

Le métier de journaliste n’est pas un métier facile contrairement à ce que pourrait croire lorsqu'on voit le train de vie de certains. Rares sont celleux qui réussissent à “bien vivre” de leur métier, enchaînant contrats précaires après contrats précaires dans des rédactions qui les usent jusqu’à la moelle. Et pourtant, c’est un magnifique métier et un métier essentiel à notre démocratie. C’est pourquoi il ne faut laisser passer aucune attaque contre la liberté et l’indépendance de la presse ni aucune menace contre les journalistes. 

Les récents événements ont de quoi nous inquiéter pour cette liberté et cette indépendance. D’abord, il y a les réalités économiques du secteur qui, tant qu’il sera soumis à un modèle lucratif et capitalistique, sera à la merci des dominants en devant jongler, pour sa survie, entre la liberté d’informer et l’obligation de répondre aux exigences de certain·es actionnaires. Le rachat du JDD par l’empire de Vincent Bolloré et la décision de parachuter à sa tête Geoffroy Lejeune est particulièrement évocateur et ne laisse plus de place au doute quant à “l’indépendance éditoriale” du journal dont la ligne est désormais totalement alignée sur le parti pris idéologique du milliardaire. 

Puis, il y a les régulières attaques dont celles récemment subies par Ariane Lavrilleux. Ces attaques ont pour objectif, sous prétexte de conserver le “secret de la défense nationale”, de cacher des opérations peu glorieuses comme celles révélées par Disclose (dont l’implication de la France dans le bombardement de civils en Egypte). Dans ces cas là c’est aussi la protection du secret des sources qui en prend un sacré coup… Un secret des sources qui ne manquera certainement pas de retenir l’attention des quelques heureux et heureuses élu·es convié·es à participer aux États généraux de l’information. Mais comme le fait remarquer David Dufresne, fondateur du média en ligne Au Poste : “On ne peut pas discuter avec un législateur qui a mis en place la possibilité, pour un juge, de saisir les documents de travail d’une journaliste, justifie-t-il. Il y a là une forme de “en même temps” qui n’est pas tenable.” (Le Monde, 3 octobre 2023). 

Par ailleurs, on ne peut pas parler de presse sans s’intéresser à ses liens avec les féminismes et les féministes. Aujourd’hui, il est incontestable que les féministes réussissent - avec de nombreuses difficultés - à porter leurs revendications à travers, notamment, des médias spécialisés et des médias en ligne. Néanmoins, il est encore très difficile pour les féministes de se faire une place dans les médias dits “traditionnels” et pour cause, beaucoup des rédactions sont encore essentiellement dirigés par des hommes qui ont assez peu d’intérêts à faire du féminisme un sujet à part entière au sein de leur média, sauf si ça leur apparaît comme “bankable”. Pourtant, la presse et les médias restent des lieux où il est possible de faire émerger des questions dans le débat public et de sensibiliser l’opinion. Aussi, il est nécessaire pour les féministes d’investir ce terrain qui, rappelons-le, leur a longtemps été inaccessible. 

Enfin, il y a l’importance d’apporter une information vérifiée et des analyses de nature à nourrir la réflexion. C’est dans cette démarche que s’inscrit le développement de Popol Media. Nous souhaitons vous proposer une analyse poussée pour nourrir vos réflexions. Produire cette analyse a un coût, c’est pour cette raison que nous vous demandons de nous soutenir dans le développement de ce média qui propose un regard féministe sur la politique. Vous êtes les garant·es de notre indépendance et de notre liberté éditoriale.

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