Privatisation des sources par des géants industriels, pollution, surexploitation… L’eau, qui constitue l’un de nos principaux biens communs, est l’objet de convoitises et de surexploitation, au détriment de tout·es.
La politique de l’eau en France s’est construite progressivement depuis le XVIIIe siècle, avec l’apparition des premiers systèmes d’approvisionnement. Dès 1778, la Compagnie des eaux de Paris est créée, et la gestion de l’eau devient une responsabilité communale à la Révolution française. Au fil des siècles, plusieurs lois sont venues structurer cette politique publique, notamment la loi de 1898 qui entérine l’intervention étatique pour réglementer l’usage de l’eau face aux besoins industriels et agricoles croissants.
En 1964, une réforme majeure organise la gestion de l’eau par bassin hydrographique avec la création des agences de l’eau et introduit le principe du “pollueur-payeur”. Cependant, ce principe est souvent critiqué pour son inefficacité à contraindre réellement les grands pollueurs, notamment l’industrie et l’agriculture intensive, qui bénéficient encore de nombreuses dérogations et d’un contrôle limité.
La loi de 1992 reconnaît l’eau comme un “patrimoine commun de la Nation” et renforce la planification via les schémas d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE et SDAGE). Néanmoins, cette reconnaissance juridique n’a pas empêché l’intensification des conflits d’usage, notamment entre agriculteurs, industriels et collectivités locales, particulièrement en période de sécheresse. Un rapport sénatorial de 2022 pointe ainsi un manque de gouvernance claire et un besoin de hiérarchiser les usages pour éviter que les intérêts économiques priment sur l’intérêt général.