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Les femmes manquent d’énergie

Le logement est le principal facteur de pauvreté des femmes et, de fait, de celle des enfants. La crise énergétique est fautive de son accentuation. En effet, le coût de l’énergie a augmenté de près de 70 % entre 2007 et 2022.

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

28 nov.

time lapse photography of square containers at night
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Les femmes manquent d’énergie

Le logement est le principal facteur de pauvreté des femmes et, de fait, de celle des enfants. La crise énergétique est fautive de son accentuation. En effet, le coût de l’énergie a augmenté de près de 70 % entre 2007 et 2022.

Illustration d'Amandine Richaud Crambes

Amandine Richaud-Crambes

28 nov.

“La pauvreté se féminise et la précarité des femmes s’aggrave en France”, c’est par cette accroche que le Secours Catholique a communiqué lors de la sortie de son rapport annuel sur l’état de la pauvreté en France. Il y a de nombreuses raisons à cela qui sont connues depuis des dizaines d’années : différence de rémunération, temps partiel occupé à 80 % par des femmes, patrimoine bien inférieur aux hommes ou encore précarité lors de séparation qui mène à une sur-représentation de la monoparentalité des femmes. Il y a certainement encore de nombreuses variables qui peuvent engendrer cette situation de précarité. Mais on observe depuis plusieurs années une aggravation à cause de la crise climatique et énergétique.

Le logement est le principal facteur de pauvreté des femmes et, de fait, de celle des enfants. La crise énergétique est fautive de son accentuation. En effet, le coût de l’énergie a augmenté de près de 70 % entre 2007 et 2022. Cela entraîne une classification spécifique nommée “précarité énergétique”. L’Observatoire National de la Précarité Energétique (ONPE) en donne la définition suivante : “Est en situation de précarité énergétique une personne qui éprouve dans son logement des difficultés particulières à disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat”. On considère un ménage en précarité énergétique quand ses dépenses sont égales ou supérieures à 8 % des dépenses globales. Ces dépenses sont à ajouter à celles du carburant (achat d’essence, de gazole et de GPL) et donc à la précarité de mobilité, ce qui entraîne encore des disparités pouvant s’appliquer au travail ou aux activités des enfants.

Les femmes ayant moins de ressources, surtout quand elles sont célibataires avec enfant, se retrouvent dans des logements de mauvaise qualité dont elles sont essentiellement locataires. Ces logements sont souvent considérés comme des passoires thermiques, c’est-à-dire avec un DPE de E à G. Cela concerne 6,6 millions de logements en France. La facture énergétique passe alors à 15 % des dépenses globales du ménage. De plus, physiologiquement, les femmes ressentent plus le froid que les hommes ; le confort thermique pour celle-ci est de 2°c plus élevé, ce qui entraîne une demande de chauffage plus importante. Alors qu’on lie la plupart du temps le problème d’isolation au chauffage, avec l’augmentation des températures et des canicules, la variable de la surchauffe des logements doit aussi être prise en compte. Les dépenses électriques dues à la ventilation ou la climatisation s’ajoutent alors qu’elles étaient encore inexistantes il y a quelques années.

La précarité énergétique engendre également des dépenses de santé supérieure. Par exemple, une mauvaise qualité thermique des logements peut être responsable de températures intérieures basses et de problèmes d’humidité et de moisissures dans les pièces à vivre, entraînant notamment des maladies cardio-vasculaires et respiratoires conduisant parfois au décès. Les frais de santé explosent et viennent alourdir un peu plus les dépenses essentielles. On vient alors à parler de l’alimentation et du principe “to heat or to eat” formulé par V. Ezratty, soit en français “se chauffer ou manger, il faut choisir”. Cette formule s’est malheureusement popularisé ces dernières années et démontre que la précarité énergétique impacte la santé physique et mentale. En effet, la nourriture devient la seule variable que les personnes peuvent ajuster elles-mêmes. Ce n’est donc pas pour rien que les demandes d’aide alimentaires ont augmenté de près de 30 % ces 5 dernières années et que les personnes se rendant sur les sites de colis ou dans les épiceries solidaires sont majoritairement des femmes (72 %), dont près de 40 % élèvent seules un ou plusieurs enfants.

L’écart entre les plus pauvres et les plus riches ne fait que se creuser dans les pays occidentaux et particulièrement en France. Seule la précarité énergétique et les effets induits ont été déroulés dans la démonstration, mais la liste des facteurs d’aggravation de la pauvreté est longue. Ce qu’il est une fois de plus insupportable, c’est de voir que les femmes seront toujours les plus pauvres des pauvres et sont les premières sacrifiées, ainsi que leurs enfants. Les politiques d’aide à la rénovation ne touchent en effet que les propriétaires, soit principalement les hommes, et les chèques énergies ou autre bouclier fiscal ne sont pas genrés. Or, une réelle innovation dans la lutte contre la crise énergétique serait de cibler les populations les plus vulnérables, c’est-à-dire les femmes. Pour cela, il faudrait qu’enfin, les prescripteurs de lois ou des politiques environnementales, se décident à intégrer le genre comme un indicateur à part entière. S’ils y arrivent dans les politiques de “natalité”, ne devraient-ils pas y arriver pour tout le reste ? Ça ne fait jamais de mal de rêver un peu…

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