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Une vie de militant·es 

La réalité du militantisme : réflexion sur les sacrifices et les engagements pour la justice sociale.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

05 avr.

woman raising his hand
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Une vie de militant·es 

La réalité du militantisme : réflexion sur les sacrifices et les engagements pour la justice sociale.

Illustration de Camille Dumat

Camille Dumat

05 avr.

C’est une soirée d’hiver, dans une petite salle du 19ème arrondissement de Paris, des femmes et des hommes se sont réuni·es dans pour soutenir des grévistes et pour réfléchir ensemble au sens de la grève générale et à son utilité dans la lutte. C’est un dimanche matin, au marché, à taper du pied pour se protéger du froid et contre-attaquer un réveil trop matinal, à distribuer des tracts, à essayer d’engager la conversation avec ses concitoyens et concitoyennes parce que la politique, c’est une affaire collective.

C’est faire des heures et des heures de transports pour se rendre à des rassemblements en soutien à des personnes injustement emprisonnées, à des familles endeuillées, à des personnes expulsées. C’est passer ses dimanches après-midis à demander un cessez-le-feu qui ne vient jamais, à répondre au téléphone pour aider et aiguiller des femmes en détresse ou des jeunes qui viennent d’arriver d’un pays en guerre. C’est adapter son mode de vie, renoncer à un certain confort, à tout un pan de notre éducation pour essayer de vivre dans un monde plus juste. Dans certains pays, c’est risquer de se faire agresser ou tuer. À certaines époques, c’était se mettre en grève de la faim, se voir emprisonné·e pour simplement demander de voter comme les hommes. 

À ceux et celles qui à longueur d’émissions de télé, d’éditoriaux aigris, de pamphlets, ou qui confortablement installé·es dans la chaleur d’une existence qu’iels pensent sans doute immuable et exemplaire, raillent et attaquent, entre autre chose, les féministes, les wokes, les islamo-gauchistes, les salopes, les écolos, les bobos, les jeunes, le pro-palestiniens, les gauchiasses, les hystériques… Nous aimerions rappeler ce que c’est qu’une vie de militantisme, ce qu’il faut de sacrifices, d’engagement, de renoncement, de souplesse, de violence.

Nous aimerions leur rappeler qu’un bon nombre de privilèges sur lesquels iels sont assis·es, ne leurs ont pas été gentiment offert sur un plateau d’argent avec cubes de gelée et lit de mesclun par un homme politique jovial et sympathique soucieux de leur bien-être, mais obtenus de haute lutte par des militant·es, par des hommes et des femmes qui ont sacrifié un peu de leur temps, de leur sécurité, de leur week-end en famille, de leur carrière, de leur santé mentale, de leur énergie pour que nos droits soient respectés et pour que la société dans laquelle nous évoluons toutes et tous soit un peu plus juste et équitable, pour qu’elle avance avec son temps. 

Peut-être certain·es d’entre nous, n’ont-iels pas conscience que les tâches qu’iels accomplissent chaque jour et qu’iels jugent sans doute anodines, participent tout de même au bien commun. Nous n’avons pas tou·tes les moyens et le temps de nous engager. Nous avons aussi le droit de ne pas en avoir envie, de ne pas savoir, de ne pas oser. Et nous ne serons certainement pas tout·es des Jean Moulin ou des Simone Veil, des résistant·es ou des héroïnes. 

Mais il n’empêche que certain·es d’entre nous s'engagent dans l’existence et dans la société d’une manière qui bénéficie à tou·tes, même à celleux qui prétendent ne pas en vouloir ou ne pas en avoir besoin. Reconnaissance leur soient rendue, dans un monde qui les regarde si peu.

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