Internet peut s’avérer être un incroyable outil pour les luttes féministes, le hashtag #metoo en offre un exemple très concret et prouve que les révolutions peuvent désormais se reposer aussi sur les outils numériques.
Néanmoins, et comme n’importe quel autre espace, Internet peut aussi être un endroit terriblement violent pour les féministes comme en témoignent les campagnes de cyber-harcèlement dont sont régulièrement victimes les militant·es. Mais c’est aussi un lieu où prospèrent désinformation et théories masculinistes. Récemment, la Fondation des femmes a publié une étude réalisée par l’Institute for Strategic Dialogue (ISD) très renseignée sur la désinformation en ligne orchestrée par les anti-IVG. On y apprend, entre autres, que “les mouvements anti-IVG se sont emparés avec efficacité des réseaux sociaux pour perpétrer leurs entreprises de dissuasion. Pire encore, les testings effectués par l’ISD montrent le rôle actif des réseaux sociaux dans la propagation des contenus anti-IVG : les algorithmes de recommandation et autres fonctionnalités favorisent la circulation de ce type de contenu, y compris à l’égard des mineur·es.”
Maintenant que “la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse” a intégré notre Constitution, il s’agit désormais d’en assurer un accès effectif en luttant de toute urgence contre ce type de désinformation… Pour Pauline Ferrari, journaliste et autrice de “Formés à la haine des femmes” (JC Lattès, 2023) : “Sur la désinformation, il faut que l’ARCOM joue un rôle plus important sur la modération de ce qui se passe en ligne, pour réguler véritablement les plateformes et ce qui y est posté.” *
Au-delà de la désinformation en ligne, ce qui préoccupe beaucoup les associations féministes, ce sont les cyberviolences. Elles recouvrent toutes les formes de violences exercées à travers des outils numériques. L’association Féministes contre le cyberharcèlement dresse, sur leur site Internet, un état des lieux des cyberviolences : “Selon des études récentes, 1 jeune femme sur 5 déclare avoir été victime d’au moins un cyberharcèlement d’ordre sexuel depuis l’âge de 15 ans et 1 adolescente sur 4 déclare être victime d’humiliations et de harcèlement en ligne concernant son attitude (notamment sur son apparence physique ou son comportement amoureux ou sexuel)*. Ce que ces études ne disent pas en revanche, c’est que les femmes qui subissent d’autres formes de discriminations en raison de leur origine, leur couleur de peau, leur religion, leur orientation sexuelle, leur identité de genre ou d’un handicap sont encore plus exposées à ce type de violences”.