En dehors de l’OM, la dernière fois que Marseille a fait les gros titres de la presse internationale, le pape François s’y rendait pour prononcer un discours demandant aux Européen·nes de faire preuve d’humanité sur la question migratoire. Avant son arrivée, le Pape avait d’ailleurs déclaré : “Je vais à Marseille ; pas en France”. Marseille était alors au cœur de la grande question migratoire en Méditerranée, ne connaissant donc plus de frontière. À ce moment-là une cinquantaine de mineur·es isolé·es avaient occupé l’Eglise Notre Dame du Mont puis avaient été mis·es à l’abri. Iels ont fait figure d’exception.
Non-assistance à personne en danger
Fin janvier, l’ONG de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport intitulé “Ce n’est pas la France que j’avais imaginée” qui affirme que “le département français des Bouches-du-Rhône, où se trouve Marseille, la deuxième ville de France, ne fournit pas aux enfants migrant·e·s non accompagné·es les protections dont ils ont besoin et auxquelles ils ont droit.” C’est également ce que déclare depuis 2021 Claire Hédon, la Défenseure des droits. Et pour cause ; la protection et les droits des personnes migrantes était absente du programme de campagne d’Emmanuel Macron en 2022.
Il est estimé qu’aujourd’hui, entre 150 et 200 migrant·es mineur·es dorment dans les rues de Marseille. Selon HRW, la moitié de celleux qui font l’objet de tests d’évaluation de leur âge se voient refuser la reconnaissance de leur statut d’enfant, décisions qui seront finalement annulées pour 75 % d’entre elleux quand iels déposent un recours devant les tribunaux. Le temps que leurs recours soit examiné par le tribunal, iels sont privé·es d'hébergement d'urgence, d’aide juridique ou de protection universelle en matière de santé et d'éducation. Et c’est une histoire complexe d’administration car celleux qui ne sont pas reconnu·es officiellement comme enfants ne sont pas non plus considéré·es comme adultes en ce qui concerne les soins dont iels peuvent bénéficier. Iels ne peuvent donc souvent pas être pris·es en charge à la hauteur de leurs maux. Et pourtant, d’après HRW, des maux, il y en a. C’est contraire aux obligations de la France qui est tenue de leur accorder des garanties spéciales protégeant leurs droits humains, telles que définies dans le droit international et européen.