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La pauvreté n’est pas une fatalité

S’il est encore difficile de dresser un parallèle évident entre l’explosion de la pauvreté et la montée de l’extrême-droite, on peut aisément admettre que les politiques menées par les gouvernements d’extrême-droite ne permettent en rien d’endiguer la pauvreté et qu’elles ont pour conséquences d’accentuer les inégalités et les atteintes aux droits.

Léa Chamboncel

28 nov.

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La pauvreté n’est pas une fatalité

S’il est encore difficile de dresser un parallèle évident entre l’explosion de la pauvreté et la montée de l’extrême-droite, on peut aisément admettre que les politiques menées par les gouvernements d’extrême-droite ne permettent en rien d’endiguer la pauvreté et qu’elles ont pour conséquences d’accentuer les inégalités et les atteintes aux droits.

Léa Chamboncel

28 nov.

Le 13 novembre dernier, LSA a publié le baromètre de l’inflation en Europe qui révèle qu’en France l’inflation alimentaire a atteint 18 % entre janvier 2022 et août 2023. Le lendemain, le 14 novembre, l’INSEE a publié un rapport dans lequel il porte à 9,1 millions le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté monétaire (1 158 euros pour une personne seule et 60 % du revenu médian), ce qui représente 14,5 % de la population en France. Le même jour, le Secours Catholique a également publié un rapport sur la pauvreté dans lequel l’association s’inquiète du sort réservé aux femmes qui sont les premières touchées. 

Alors que le gouvernement souhaite réduire la durée d’indemnités des personnes de plus de 55 ans privées d’emploi, l’INSEE relève qu’en 2021, la hausse du taux de pauvreté a été plus marquée pour les personnes sans emploi (le taux de pauvreté des chômeureuses a augmenté de 1,9 point pour atteindre 35,1 %, alors que celui des personnes en emploi a progressé de 0,5 point pour s’établir à 7,4 %). Cette mesure, qui aurait des conséquences dramatiques, s’inscrit pleinement dans l’entreprise de détricotage de nos conquis sociaux que mène Emmanuel Macron depuis sa première élection. 

Même s’il est très actif en la matière, il semble tout de même important de souligner qu’il n’est pas le premier président de la République à mépriser les plus pauvres. Aussi, depuis des décennies, les gouvernements néolibéraux se succèdent et enchaînent les réformes injustes en laissant derrière eux des dizaines de milliers de personnes dans la pauvreté. 

L’explosion de la pauvreté n’est pas propre à la France et on retrouve des situations similaires partout ailleurs en Europe. Selon Eurostat, en 2020, le risque de pauvreté et d’exclusion sociale dans l’UE était plus élevé pour les femmes (22,9%) que pour les hommes (20,9%). 

Dans ce contexte, les partis d’extrême-droite cherchent à profiter du phénomène en promettant tout une série de mesures pour lutter contre ce qu’ils définissent comme les conséquences d’une immigration soi-disant “incontrôlée” tout en prétendant défendre les droits des femmes... Et c’est bien en portant des mesures prétendument en faveur de l’accès au logement et à la santé, sur fond de discours ouvertement islamophobe, que le candidat d’extrême-droite a remporté les élections législatives aux Pays-Bas la semaine dernière. 

S’il est encore difficile de dresser un parallèle évident entre l’explosion de la pauvreté et la montée de l’extrême-droite, on peut aisément admettre que les politiques menées par les gouvernements d’extrême-droite ne permettent en rien d’endiguer la pauvreté et qu’elles ont pour conséquences d’accentuer les inégalités et les atteintes aux droits. C’est ainsi que les droits des personnes LGBTQIA+ ont reculé en Italie depuis l’élection de Giorgia Meloni, que la lutte contre les violences sexuelles et sexistes a été mise à mal en Pologne entre 2015 et aujourd’hui, que la Suède menace plus de 15 000 personnes d’expulsion, etc. 

Et comme l’a rappelé ATD Quart Monde la veille du second tour de l’élection présidentielle de 2022 : “Là où les droits reculent, nous savons que ce sont toujours les plus pauvres qui en souffrent en premier lieu”. 

L’extrême-droite française n’échappe évidemment pas à la règle. Est-il par exemple nécessaire de rappeler que les député·es du Rassemblement national se sont largement opposé·es à l’augmentation du SMIC à 1 500 euros ? Pas top pour un parti qui prétend défendre les droits des femmes, quand l’on sait que ces dernières représentent 59 % des personnes payées au SMIC. Faut-il également rappeler que le RN ne s’est pas farouchement opposé à la récente réforme visant à durcir les conditions d’accès au RSA ? 

Dans ce contexte, il est important de rappeler que la pauvreté et l’exclusion ne sont pas des fatalités mais qu’elles sont les conséquences des décisions prises par nos responsables politiques. Il est possible de lutter contre la pauvreté et l’exclusion, mais encore faut-il le vouloir. 

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